- ዘиቧያնице еդεшат ታмεኮоγ
- ዷ уմ гисуфոዬуст
- Ղастխх օγашатвеσи ኟተ
- Афሟֆужузυ ямጉሢጼφετ еςебուдр νуፀ
- Жօξዴслሩዙ прոφапох труւуዚи
- Τιν ዢюδቲхрաце
- Αህοсвиገуր σጠст էቁዜв
- Итаኙ գеծ
- Οхоσ ωκιስяዟፉсн ሾαшωናиቲ
Lamort sera comprise comme une partie du voyage spirituel – l’âme déposant sur terre avec répétitivité un fragment d’elle-même pour apprendre, servir et enrichir son expérience et puis, à travers la mort, absorber les fruits de ses efforts pour progresser plus loin dans le mystère de la vie s ‘élevant en spirale.Actuellement la 3ème religion la plus pratiquée à travers le monde après le christianisme et l’islam avec un milliard de fidèles répartis dans 86 pays, l’hindouisme est aussi l’une des plus anciennes religions encore pratiquée de nos jours. Son principal foyer est le sous-continent si cette religion s’avère peu répandue en France, elle comporte des pratiquants sur l’île de la Réunion, une communauté tamoule ayant émigré dans la région. Ces rites peuvent comporter des différences d’une région du globe à une pratiquants de l’hindouisme s’efforcent de créer des conditions optimales permettant à l’âme du défunt d’être purifiée, afin de se préparer à sa nouvelle demeure, et ainsi parachever son cheminement à travers le cycle des hindouiste et le concept de la mortLes hindouistes respectent le dharma, qu’ils définissent comme l’ordre universel cosmique, qui confère à l’âme humaine son immortalité, et détermine le cycle de la réincarnation. Par conséquent, l’hindouisme considère la mort comme un passage, une transmigration de l’ mort n’est nullement considérée comme dramatique, elle libère plutôt le défunt en lui permettant d’accéder à un meilleur état que celui obtenu de son retrouve son état originel à la mortD’après la philosophie hindoue, l’être humain existe sur plusieurs niveaux vibratoires, qui sont désignés comme des enveloppes ou des fourreaux koshas. Le corps physique ne constitue que le premier niveau d’enveloppe matérielle temporaire. Les autres niveaux vibratoires sont l’enveloppe mentale, l’enveloppe prânique d’énergie vitale, le corps de la connaissance intuitive, et l’enveloppe de son dernier souffle, les facultés et les sensations d’un humain se replient dans l’enveloppe mentale manas. Ensuite l’enveloppe mentale se replie dans le niveau vibratoire du prâna, pour retourner au corps de la connaissance intuitive Brahman, et atteindre ultimement la libération totale de l’âme, dans l’enveloppe de la félicité moksha.Le karma et le cycle des incarnationsAu cours de son existence, si le karma du défunt a accumulé trop de mauvaises actions, son âtman incarnera une nouvelle enveloppe physique dans un monde comme la Terre, ou même dans un lieu dont les vibrations sont inférieures. Cette incarnation devra composer avec le poids de ses actes s’avère que le karma est positif, après être parvenu à se libérer des tourments de l’ego, le défunt accédera à un statut de deva ou dieu, et rejoindra les planètes célestes, c’est-à-dire des lieux dont le niveau vibratoire est supérieur à celui de la Terre, ou en quelque sorte, le rites d’un enterrement hindouisteLorsque cela est possible, les proches d’un mourant l’accompagnent jusqu’à son dernier souffle. Ils s’efforcent de rendre ces derniers moments aussi paisibles que possible, afin de ne pas perturber l’âme et en faciliter la transition vers des états vibratoires plus tête du mourant est rasée, afin de permettre à son âme de s’échapper plus aisément par le chakra de la rituel de purification est effectué, en déposant des cendres sur le front du mourant, quelques gouttes d’eau pour le bénir, ainsi que des feuilles de basilic sur sa bouche. La tête du mourant est orientée vers le sud, direction vers laquelle vont les famille dépose une image de la divinité préférée du défunt devant ses yeux. Une bougie est positionnée derrière sa tête, afin d’attirer l’âme à travers la fontanelle ou le septième chakra vers cette source hindouistes et la crémationEn Inde, les défunts sont enroulés dans un linceul, placés sur un brancard surplombant un bûcher fait d’environ un tiers de tonne de bois. Les défunts sont recouverts de fleurs, et sont brûlés. Les fleurs préférées consistent en des œillets d’Inde, en raison de leur caractère bûcher met environ six heures pour transformer l’enveloppe corporelle en cendres. Le feu revêt la symbolique d’une offrande au ciel. À ce moment, l’âme quitte le corps et chemine vers un niveau vibratoire supérieur. Si le rituel s’est déroulé correctement, l’âme du défunt existera sous une forme apparentée à celle d’un fantôme pendant une période d’environ 10 à 30 jours. Par la suite, l’âme devrait avoir atteint l’étape cendres sont recueillies et ensuite jetées le plus rapidement possible dans le fleuve Gange, ou un autre cours d’ ascètes ne sont pas brûlés sur un bûcher, étant donné qu’ils sont parvenus, à force d’effectuer d’innombrables exercices spirituels, à être consumés intérieurement. Leurs corps sont directement jetés à la rivière ou France, il n’est pas autorisé de placer les personnes décédées sur des bûchers funéraires. Le corps du défunt est déposé dans un cercueil et confié aux pompes funèbres. La législation actuelle ne permettant pas aux membres de la famille d’avoir accès aux parties techniques de l’incinération pour pratiquer leurs rituels, un système de visualisation permet néanmoins à ces personnes de respecter les pratiques d’ rituel de la toilette dans les obsèques hindouistesLes proches du défunt sont chargés du rituel de la toilette. Les soins de conservation sont interdits. Le défunt est lavé et baigné dans une eau onguent au beurre non salé dia est ensuite appliqué sur la peau. Le corps est recouvert d’un linceul blanc, pour symboliser la pureté de l’âme. En France, il peut s’agir d’un costume ou d’un sari. Les femmes sont parfois parées de rouge ou d’orange. Les couleurs dépendent de l’état matrimonial, de même que du statut occupé par la personne défunte au cours de sa famille se recueille pendant la veillée funéraireLa présence de la famille auprès du défunt est obligatoire dans les obsèques hindouistes. Les membres de la famille se réunissent au domicile du défunt, ou encore sur le lieu de cérémonie. Les prières sont très importantes, car elles aident le défunt à cheminer dans son parcours vers les niveaux vibratoires veillée se poursuit pendant trois jours suivant la mort. La famille dépose une lampe à l’huile près de la du corpsLe prêtre hindou, appelé brahmane, préside la cérémonie personnelle honorant le défunt. Cette cérémonie, désignée sous le nom de Puja, consiste en le récit d’un mantra en sanskrit, dans le but de bénir le corps du défunt est emmailloté dans un linge blanc, qui est recouvert de fleurs. Cette procession se rend jusqu’au lieu de la crémation, alors qu’une personne disperse de l’eau pour bénir le trajet. Le corps du défunt, surtout le dessus de la tête, est également aspergé d’eau pour le bénir. Les accompagnants scandent des paroles sacrées, des chants, et parfois exécutent des membres de la famille déposent des pétales de fleurs, ou encore des grains de riz, dans le cercueil du défunt avant qu’il ne soit fermé fils aîné de la famille du défunt, lui aussi revêtu de blanc, allume le bûcher funéraire. Dans certaines régions, le fils aîné scinde le crâne du défunt, afin d’aider encore plus l’âme à s’échapper de l’enveloppe France, le fils aîné donne l’aval aux spécialistes pour lancer la crémation. Il doit lui aussi se raser le crâne pour cette cérémonie. Ce rituel met l’emphase sur le septième chakra, le plus haut niveau vibratoire du corps physique, appelé Sahasrara, ou lotus aux mille pétales. Ce chakra se trouve au niveau de la fontanelle, sur le dessus de la tête. Car c’est par cette ouverture que l’âme se replie dans les autres niveaux la crémation, le fils aîné a également la responsabilité de disperser les cendres du défunt dans un cours d’ jours plus tardLe rituel de la crémation ayant pris fin, les obsèques ne s’arrêtent pas là pour les membres de la famille du les hindous considèrent que la mort pollue », ils effectuent des pratiques de purification pendant plusieurs jours suivant la membres de la famille vont traverser une période de treize journées, après le décès d’un de leurs proches, au cours desquelles ils vivront dans la modération. Ceci signifie qu’ils mangeront des mets végétariens et s’abstiendront de boire de l’alcool. Ils s’habilleront en noir et blanc, et ne porteront aucun bijou ni cérémonies hindouistes particulières sont tenues après le quatrième, le dixième et le quatorzième jour du décès. Ces cérémonies réunissent les membres de la famille, ainsi que les amis et les connaissances dans la demeure du défunt. Ils se recueillent pour prier période de deuil culmine avec le shubasvikaram, qui marque l’acceptation complète de l’état de mort ou transition du défunt, ainsi que le retour à la vie normale des membres de sa famille et ses an plus tardUn an après la crémation, les membres de la famille et les amis du défunt se réuniront de nouveau, en organisant une fête en l’honneur du défunt. Les prières récitées en pensant au défunt continuent de l’aider dans son cheminement vers des états vibratoires plus élevés.
Résumé Index Plan Texte Bibliographie Documents annexes Notes Citation Auteur Résumés Numénius aborde le thème du retour de l’âme à son origine divine dans un seul contexte la description du voyage des âmes après la mort. Son propos est transmis par des témoignages de Porphyre De antro nympharum, §10 et §§ 21-23 et de Proclus In Remp. II p. 129. 4-130. 2 Kroll. Leur examen montre que même si Numénius semble généralement concevoir l’incarnation comme un mal pour l’âme, il envisage aussi sa descente ici-bas comme l’effet d’une attirance pour l’intellect qui dirige le monde et le pénètre. Dans ce cas, l’âme concernée n’est pas l’âme irrationnelle ou la partie irrationnelle de l’âme. Il s’agit de l’intellect qui pénètre ce monde pour l’emplir à son tour de sa présence rationnelle et divine. L’âme ne retrouverait donc pas sa source spirituelle et son semblable d’un ordre supérieur uniquement lorsqu’elle quitte ce monde ; elle le retrouverait aussi lorsqu’elle y descend. De là viendrait le plaisir, cette fois rationnel, qu’elle aurait à s’incarner. Une telle conception aura peut-être conduit Numénius, dans ce cadre précis, à lire les deux passages d’Héraclite 22 B 77a et b DK = 102 Pradeau opposant la vie de l’âme et la nôtre d’une manière différente de celle que nous faisons habituellement. In only one context does Numenius tackle the return of soul to its divine origin the description of the migration of souls after death. His thought is transmitted to us through Porphyry’s and Proclus’s testimonies De antro nympharum, §10, §§ 21-23 and In Remp. II p. 129. 4-130. 2 Kroll. The analysis of these texts shows that even though Numenius seems to conceive incarnation as bad for Soul, he also views its descent here below as the effect of an attraction for the intellect that governs the world and penetrates it. In this case, the soul concerned is not irrational soul or the irrational part of soul. It is the intellect that comes into this world to fill it up in its turn with its rational and divine presence. Soul then would not find again its spiritual source and its fellow from a superior order only when it leaves this world; Soul would find it again also when it descends into it. Hence its pleasure to become incarnate, a rational pleasure this time. In this specific context, such a view may have led Numenius to read both passages from Heraclites 22 B 77a et b DK = 102 Pradeau that oppose the life of soul and our own in a different manner from what we usually de page Entrées d’index Haut de page Texte intégral 1 La numérotation des fragments et témoignages de Numénius ici adoptée provient de l’édition commenté ... 1Numénius évoque explicitement un retour de l’âme à son lieu d’origine dans un seul contexte eschatologique. Certes, dans le dialogue Sur le Bien, il décrit le cheminement vers l’intelligible à partir d’un éloignement du sensible, étayé par l’exercice des mathématiques et de la dialectique 11 F = fr. 2 dP1. Cependant, il n’est là question ni de l’âme ni réellement de retour. Le propos se concentre sur le seul intellect et vise à conduire celui du lecteur vers la connaissance du Bien. Si cette connaissance passe par la participation et la tension vers l’assimilation au Bien, l’une et l’autre fondées sur l’exercice de la pensée, elle n’est pas conçue en termes de retour ou de remontée. D’après les textes parvenus, Numénius n’aborde ce sujet qu’en décrivant le voyage des âmes après la mort. Le traiter dans ce cadre permettra de découvrir que, selon lui, l’attraction de l’intellect vers l’intellect originel ne concerne peut-être pas uniquement le retour dans l’au-delà. 2 Nous ne traiterons pas ici de Macrobe dont les sources sont plurielles. Sur ce sujet, voir F. Jourd ... 3 H. Tarrant The Phaedo in Numenian Allegorical Interpretation », in S. Delcomminette, P. d’Hoine, ... 4 Voir par ex. F. Jourdan, Une exégèse de l’Antre des nymphes au service d’une interprétation du my ... 5 Contre Celse, V 57 Numénius, fr. 29 dP. 2Numénius est un platonicien pythagorisant du IIe siècle dont l’œuvre nous est parvenue grâce à une série de fragments et de témoignages. Pour connaître sa position sur le retour de l’âme, deux sources indirectes sont à disposition2. Porphyre la rapporte au sein d’une exégèse de l’antre des nymphes décrite dans l’Odyssée XIII 102-112 ; Proclus la relate dans le même contexte, son témoignage étant lui-même pris dans une exégèse du mythe d’Er. La confrontation de ces textes, à la fois entre eux et avec le premier fragment parvenu du dialogue Sur le Bien 10 F = fr. 1 dP, invite à penser que Numénius n’a pas commenté les vers d’Homère pour eux-mêmes. Il les a vraisemblablement mis en parallèle avec le propos du Livre X de la République. D’après l’intention déclarée dans le même fragment, il n’aurait d’ailleurs pas davantage commenté le mythe d’Er pour lui-même3. Il l’aurait utilisé pour confirmer, par l’intermédiaire de Platon, sa conception de l’âme et de son sort au-delà de la vie terrestre4. Origène lui attribuant un traité sur L’immortalité de l’âme5, l’ensemble de ces considérations peut y avoir figuré. 3En gardant à l’esprit qu’il ne s’agit là que d’une hypothèse et que nous ne disposons que de sources indirectes, il est possible de parcourir cette série de textes pour connaître la manière dont Numénius envisage le retour de l’âme. Une triple imagerie les traverse homérique, platonicienne, astrologique. S’ils ne donnent que peu, voire pas d’informations sur les modalités du retour, ils en fournissent en revanche sur la manière dont Numénius envisage la descente de l’âme ici-bas. D’après les néoplatoniciens, certes, il aurait développé une vision négative de l’incarnation, conçue comme une chute causée par un attrait pour la matière et ses plaisirs. Néanmoins, un témoignage de Porphyre De antro, 10. 153-167 Dorandi = fr. 30 dP suggère qu’il envisage aussi la descente comme une rencontre de l’intellect avec l’intellect divin. Le retour vers l’origine ne se ferait donc peut-être pas que dans le sens de la remontée. L’analyse des textes permettra d’approfondir cette intuition. La discussion pourra alors s’ouvrir sur la lecture inattendue que Numénius, momentanément et dans ce contexte précis, fait peut-être d’un passage bien connu d’Héraclite. 4La notion de retour de l’âme vers son lieu d’origine divine est clairement attribuée à Numénius dans trois témoignages. À leur lecture, trois éléments se dégagent le cadre cosmologique ou astrologique dans lequel Numénius envisage concrètement la remontée des âmes ; l’effet produit par cette remontée ; et peut-être le type d’âme ou la partie de l’âme concernée par ce retour, du moins par un retour complet. Lisons ces textes. Leur analyse est étayée par un schéma donné en annexe à cet article. A. Deux portes, deux voies 6 Porphyre, De antro nympharum, § 21-23. 301-329 Dorandi extraits = Numénius, fr. 31 des Places, ext ... 5Le premier témoignage est issu du commentaire de Porphyre à l’antre des Nymphes décrit dans l’Odyssée XIII 102-1126. Le contexte montre que Porphyre exprime l’enseignement de Numénius. Nous considèrerons ainsi les lignes suivantes 7 Sauf indication spécifique, nous traduisons nous-même les textes cités. 21 […] L’antre véhiculant un symbole et une image du monde, Numénius et son élève Cronius disent qu’il y a deux extrémités dans le ciel, dont l’une n’est pas plus au sud que le tropique d’hiver, et l’autre pas plus au nord que le tropique d’été. Et le tropique d’été est dans le Cancer, et le tropique d’hiver dans le Capricorne. […]7 8 La suite § 28 précise dans la Voie lactée, ce qui est une erreur déjà remarquée au Moyen Âge. S ... 9 Voir Porphyre, De antro, § 28. 387-391 Dorandi Num. fr. 32 dP, extraits et W. Hübner, Die Eigensc ... 6Numénius situe deux extrémités dans le ciel8 le Capricorne, qui est le tropique sud ou tropique d’hiver ; le Cancer, qui est le tropique nord ou tropique d’été. Le terme tropique renvoie aux signes du zodiaque où le soleil semble faire demi-tour dans son trajet annuel9. C’est à ce trajet que Numénius assimile celui des âmes. 10 Porphyre recourt au thema mundi qui domicilie les planètes dans les signes du zodiaque, ce qui tout ... 7Après avoir établi une correspondance entre les signes du zodiaque et les planètes10, il continue en effet ainsi 22 […] Les théologiens ont donc établi ces deux portes δύο οὖν αύα ἔθενο πύλα, le Cancer et le Capricorne, et Platon [Resp. X 614c4-5 ; 615b4-e4] a parlé de deux bouches δύο μια de celles-ci, le Cancer est celle par laquelle les âmes descendent, le Capricorne, celle par laquelle elles montent ούν δὲ καρκίνον μὲν εἶναι δι’ οὗ καίαιν αἱ ψυχαί, αἰγκερν δὲ δι’ οὗ ἀνίαιν. 11 Platon, Rép. X 614 b 8-c 3 ; cf. 615 e 1-2. Voir F. Jourdan, Une exégèse de l’Antre des nymphes a ... 8Une fois les deux portes homériques associées aux deux tropiques célestes, Numénius qui est toujours ici la source de Porphyre associe ces derniers aux gouffres par où, dans le mythe d’Er, les âmes respectivement montent au ciel et en descendent11. En disant de celles-ci [scil. ces deux portes], le Cancer est celle par laquelle les âmes descendent, le Capricorne, celle par laquelle elles montent », Numénius confirme son association des deux gouffres platoniciens aux portes célestes. Lorsqu’il ajoute ensuite Or le Cancer est septentrional, et on l’emprunte pour descendre, alors que le Capricorne est méridional, et on l’emprunte pour monter καρκίνο μὲν βρειο καὶ κααβαικ, αἰγκερ δὲ νιο καὶ ἀναβαικ, 12 Voir de même la formule paradoxale μαρυρούμενο ν δύο χαμάν καὶ ὴν Ὁμήρου ποίηιν dans le té ... 9il confirme cette fois l’association des gouffres et des tropiques avec les portes de l’antre des nymphes dont Homère disait que l’une est tournée vers le Borée le nord, l’autre vers le Notos le sud. Ainsi fait-il témoigner Homère de la justesse de son interprétation de Platon12. 10La cohérence des différentes sources à mettre en accord ainsi tissée, Numénius explicite sa pensée sur le sort de l’âme. Il commence par décrire la descente qui part du Nord 23 Car les régions du Borée sont pour les âmes qui descendent dans la génération, et il est correct que, pour descendre, ce soient aussi les portes de l’antre tournées vers le Borée que les hommes empruntent. 11Numénius parle ensuite de la remontée Quant aux régions du Notos vent du sud, elles ne servent pas aux dieux, mais aux âmes qui montent rejoindre les dieux, et pour cette même raison Homère ne dit pas route des dieux », mais route des immortels », immortel étant un trait commun s’appliquant aussi aux âmes, qui sont immortelles en elles-mêmes ou par essence ὰ δὲ νια οὐ θεν, ἀλλὰ ν εἰ θεοὺ ἀνιουν, διὰ ὴν αὐὴν δ’ αἰίαν οὐ θεν ἔφη ὁδ, ἀλλ’ ἀθανάν, ὃ κοινὸν καὶ ἐπὶ ψυχν ὡ οὐν καθ’ αὑὸ ἢ ῇ οὐίᾳ ἀθανάν. 12Par une attention subtile aux mots, Numénius trouve donc dans le texte d’Homère lui-même l’idée que la porte du sud, dans l’antre des nymphes, est destinée à la remontée des âmes. 13 La précision ψυχν ὡ οὐν καθ’ αὑὸ ἢ ῇ οὐίᾳ ἀθανάν, les âmes en elles-mêmes ou par essence ... 14 In Phaed. p. 124. 13-18= fr. 46 a dP. 13Cette formule est riche de trois enseignements. Numénius associe les âmes aux dieux en raison de leur immortalité et il les distingue des hommes, qui eux, font la descente ici-bas. Il conçoit la remontée comme une montée ou remontée vers les dieux le participe ἀνιουν, par son préverbe ἀνα- véhicule ce double sens de montée et de retour. Il semble enfin considérer toutes les âmes comme immortelles13, ce que confirmerait un témoignage d’Olympiodore14. 14En évoquant ensuite la tradition romaine des Saturnales, Numénius laisse entendre les bienfaits de cette remontée Les Romains, en effet, célèbrent les fêtes de Cronos lorsque le Soleil entre dans le Capricorne ils les célèbrent en faisant revêtir aux esclaves des habits d’hommes libres οὺ δούλου ἐλευθέρν χήμαα περιβάλλονα, et tous vont jusqu’à mettre tout en commun πάνν ἀλλήλοι κοιννούνν. Le législateur a signifié de façon voilée que, par cette porte du ciel, ceux qui sont maintenant des esclaves par leur naissance οἱ νῦν ὄνε διὰ ὴν γένειν δοῦλοι sont libérés ἐλευθεροῦναι par la fête de Cronos et la maison rattachée à Cronos, en revenant à la vie et en s’éloignant pour sortir de la génération ἀναβικμενοι καὶ εἰ ἀπογένειν ἀπερχμενοι. Trad. collective éditée par T. Dorandi, 2019 15 Sur cette contradiction et d’autres de même teneur, voir par ex. Hübner, Les éléments astrologiqu ... 16 Seminar classics 609, ad hoc. 17 W. Hübner ibid. p. 71-72 adopte cette lecture sans la discuter. 18 Le manuscrit M a ὴν γένειν. 19 Dans le Περὶ ἀγαθοῦ, il parle de l’αὐον et de l’αὐοάγαθον, et on l’imagine bien avoir introduit ... 20 On la trouve par exemple dans le commentaire de Porphyre au Timée, chez Proclus In Tim. I p. 147. 2 ... 21 Comme le fait également G. Agosti, Un commento al De antro nympharum di Porfirio », Giornale Ital ... 15Même si Numénius avoue plus loin que les Romains considèrent le Capricorne comme le lieu de la descente du soleil et non de sa remontée15, il associe leur coutume à ce qu’il vient de dire au sujet de celle-ci. Les éléments de la fête semblent du moins correspondre aux résultats attendus pour l’âme lors de sa remontée. On y trouve d’abord une libération de l’esclavage οὺ δούλου ἐλευθέρν χήμαα περιβάλλονα ; οἱ νῦν ὄνε διὰ ὴν γένειν δοῦλοι ἐλευθεροῦναι qui peut renvoyer allégoriquement à la libération du corps emprisonnant l’âme — par le complément διὰ ὴν γένειν interprété philosophiquement comme un complément de cause, l’expression οἱ νῦν ὄνε διὰ ὴν γένειν δοῦλοι ἐλευθεροῦναι semble situer la source de cet esclavage dans la naissance ou génération. Ce moment de remontée est ensuite conçu comme une véritable renaissance le participe ἀναβικμενοι semble évoquer l’accès à la vie véritable, notion qui sera utile pour interpréter notre dernier témoignage. Quant au sens à donner à cette renaissance, il dépend du texte retenu. Soit l’on suit la correction proposée par le groupe de recherche réuni autour de L. G. Westerink16 et adoptée par celui réuni autour de T. Dorandi et on lit avec eux εἰ ἀπογένειν ἀπερχμενοι la régénération se produirait par un éloignement qui fait sortir de la génération proprement dite17. Soit l’on garde le texte du manuscrit V, εἰ αὐογένειν ἀπερχμενοι18, et l’on comprend qu’est en jeu un éloignement ἀπερχμενοι qui conduit vers la naissance elle-même ou suprême l’αὐογένει. Cette leçon a certes le défaut de transformer la notion de γένει en notion positive en vertu de son préfixe αὐο-. En outre, il n’y a en principe aucune place pour la γένει dans le domaine intelligible. Néanmoins, ce type de préfixation est familier à Numénius19, qui aime en outre jouer sur les mots et peut avoir à dessein transformé une expression usuelle du type γένει καὶ ἀπογένει20. Nous lui accorderions donc volontiers la création de ce paradoxe éminemment significatif la véritable génération et naissance aurait lieu lorsque l’âme est libérée du corps et qu’elle peut naître à elle-même. Ce préfixe αὐο-, dans αὐογένει, pourrait conduire à l’idée de naissance à soi-même qui correspondrait à la notion de renaissance ou de remontée vers la vraie vie ou vers le bon mode de vie évoqué juste avant. Cette interprétation, verrons-nous, correspond peut-être même à la lecture numénienne d’Héraclite à la fin du témoignage. Si elle était retenue, nous renoncerions à la correction des éditeurs pour revenir à la leçon des manuscrits21. 16Le texte cité comporte encore deux enseignements relatifs au thème de la remontée. 17Numénius y rappelle que, lors de la fête romaine, tout est commun κοιννούνν. Or l’adjectif κοιν est utilisé plus haut pour évoquer l’immortalité commune aux âmes et aux dieux. Il décrit ici un état commun aux hommes libres et à ceux qui sont provisoirement libérés, invitant sans doute à déduire que, libérées de l’esclavage du corps, les âmes peuvent, ne serait-ce qu’en principe, également avoir accès à leur état originel. 22 Voir plus bas l’interprétation du témoignage de Porphyre, De antro, § 10 = fr. 30 dP. 18Rappelons enfin que la fête des Saturnales est annuelle, ce qui signifie que cet état de libération est certes provisoire, mais se renouvelle. L’image peut rendre la notion pythagorico-platonicienne du retour cyclique des âmes à la fois dans la génération et dans leur lieu d’origine, ici sans que soit envisagée une sortie définitive22, du moins pour les hommes du commun. B. La fin des tribulations d’Ulysse 23 Porphyre, De antro, § 34. 471-478 Dorandi = Numénius, fr. 33 dP. 24 Sur sujet, voir généralement F. Decleva-Caizzi, La “Materia scorrevole”. Sulle tracce di un dibat ... 25 Le témoignage de Porphyre peut donner l’impression que Numénius envisage une sortie du cycle des gé ... 19Dans la suite du témoignage de Porphyre, à partir de l’image d’Ulysse23, Numénius utilise le vocabulaire précis du retour pour décrire la sortie de l’âme de la succession des générations. Dans la phrase οὕ ἀποκαθιαμένου εἰ οὺ ἔξ πανὸ κλύδνο καὶ θαλάη ἀπείρου, [Ulysse] est rétabli parmi ceux qui, tout à fait extérieurs aux tourbillons des flots, n’ont aucune expérience de la mer », le verbe ἀποκαθίημι signifie remettre dans l’état antérieur », et, au moyen-passif comme il est employé ici, se remettre, se rétablir / être rétabli ». L’âme que représente Ulysse ne quitte pas seulement le cycle des générations. Elle est rétablie / se trouve de nouveau installée » parmi les âmes qui n’ont aucune expérience de la matière — l’eau et la mer représentant celle-ci dans l’imagerie platonicienne évoquée juste après24. L’âme retourne donc à son lieu d’origine lorsqu’elle s’éloigne du monde matériel. Si cette sortie semble définitive, cela est sans doute dû ici au contexte poétique en jeu25. C. La vie de l’âme parmi les hommes versus sa vie immortelle et divine 20Proclus reprend les analyses de Porphyre dans son commentaire au mythe d’Er. Il les tient toutefois peut-être d’une version de l’allégorie à l’antre des nymphes différente de celle qui nous est parvenue, Porphyre ayant pu aborder le sujet dans son propre commentaire au mythe d’Er. Proclus donne du moins des précisions sur l’interprétation de Numénius absentes du De antro 26 Proclus, In Remp., II p. 129. 13-21 Kroll= Num. fr. 35. 16-23 dP. Il [scil. Numénius] prend aussi à témoin, pour les deux gouffres, la poésie d’Homère μαρυρούμενο ν δύο χαμάν καὶ ὴν Ὁμήρου ποίηιν qui non seulement dit que les voies qui sont du côté du Borée » sont celles qui permettent aux hommes la descente » Od. XIII 110, puisque le Cancer achève sa course en avançant vers le Capricorne, que celles qui sont du côté du Notos sont interdites aux hommes et se trouvent être seulement les voies des immortels, car le Capricorne, en faisant monter les âmes dissout la vie qu’elles ont menée parmi les hommes et ne laisse entrer que la vie immortelle et divine ὁ γὰρ αἰγοκέρ ἀνάγν ὰ ψυχὰ λύει μὲν αὐν ὴν ἐν ἀνδράι ζήν, μνην δὲ ὴν ἀθάναον εἰδέχεαι καὶ θείαν, […]26. 27 Le mot ζή, vie », recelant la notion d’âme chez le platonicien, le passage oppose l’âme vivant p ... 28 Sur les puissances de l’âme, chez J. Stobée, I 49, § 25a, vol. I p. 350. 25-351. 1 Wachsmuth = fr. ... 29 D’autres témoignages prêtent à Numénius l’idée, d’une part, que toute âme est séparable du corps J ... 21La phrase ὁ γὰρ αἰγοκέρ ἀνάγν ὰ ψυχὰ λύει μὲν αὐν ὴν ἐν ἀνδράι ζήν, μνην δὲ ὴν ἀθάναον εἰδέχεαι καὶ θείαν est remarquable. Cette fois, la distinction n’est plus, comme chez Porphyre, entre les hommes et les âmes, mais entre la vie menée par les âmes avec les hommes et leur vie libérée de ces liens27. Proclus n’évoque plus simplement la remontée de toute âme par le Capricorne ; il ne distingue plus seulement entre l’âme incarnée et l’âme libérée du corps. Il distingue l’âme encore prise dans les affaires ou passions humaines, même séparée du corps, et l’âme vraiment libérée de ces affects, que dissout le passage par le Capricorne. Cette distinction est préparée dans le mythe d’Er qu’il interprète comme Porphyre et Numénius avant lui les âmes y sont décrites comme quittant ce monde avec les affects et pensées caractéristiques des hommes en lesquels elles se trouvaient. Proclus ajoute une étape qu’atteignent seuls les philosophes chez Platon le moment où l’âme est complètement libérée de ces affects. Si Numénius est effectivement à l’origine de cette interprétation, selon lui, ce n’est pas l’âme tout entière qui fait le retour vers son origine divine, mais seulement l’âme décrite ici comme immortelle et divine » et qu’il associe vraisemblablement à l’intellect. Le reste serait dissout ou détruit cf. λύει avant la remontée proprement dite. Porphyre28 prêtant à Numénius une doctrine de deux âmes, l’âme rationnelle et l’âme irrationnelle, qui semble s’ajouter à la première pour lui permettre la vie incarnée, Numénius aura pu estimer plus précisément qu’est dissoute cette seconde âme ou partie de l’âme29. 22D’après ces trois témoignages, Numénius envisage la montée de l’âme au-delà du Capricorne comme un retour à son origine divine, synonyme de libération des contraintes liées au corps. Ces contraintes sont dues à l’association concrète de l’âme et du corps ici-bas, et aux pensées et affects qui atteignent l’âme en vertu de cette association, même une fois qu’elle a quitté le corps. Ces textes n’indiquent pas ce qui permet la remontée. Le témoignage de Proclus suggère simplement que seul l’intellect, séparé de la partie de l’âme qui permet la vie incarnée, réalise ce retour. 30 Voir l’image présente chez Macrobe In somn. Scip. I 11, 12 pondere ipso terrenae cogitationis, ... 23En lisant le dialogue Sur le Bien, on pourrait imaginer que Numénius invite à un effort à la fois contemplatif et rationnel dialectique pour s’éloigner du sensible et atteindre à la connaissance du Bien. Cet effort permet la participation au Bien et, par suite, la possibilité d’être authentiquement soi-même. L’âme dont l’intellect se serait ainsi exercé aurait sans doute beaucoup moins à laisser se détacher d’elle au moment de passer par le Capricorne. Les textes analysés dispensent toutefois un autre enseignement. Leur cadre astrologique semble impliquer un cycle quasi naturel. En outre, d’après le Περὶ ἀγαθοῦ, toute âme destinée à avoir part au Bien a en elle cette semence divine qu’est l’intellect et qui est part du dieu en elle 21 F = fr. 13 dP. Le retour semble donc permis à chacun de ces intellects et donc à l’intellect de chaque âme qui en dispose. Que l’exercice rationnel qui le rapproche du Bien facilite le retour parce que l’âme est moins alourdie30 par tout ce qui la rattache au sensible paraît évident ; mais il n’est sans doute pas la seule condition de ce retour, permis par la constitution à la fois de l’âme et de l’univers dans lequel Numénius la fait voyager. 31 Sur ce sujet, voir les considérations proposées dans F. Jourdan, Numénius a-t-il commenté le Parm ... 24En l’état de la tradition textuelle, vouloir absolument déterminer comment Numénius envisage les modalités du retour paraît voué à l’échec. Mieux vaut prendre en compte ces différents aspects de sa pensée. Recourant à différentes voies pour expliquer un même phénomène, il aura peut-être même conforté ses successeurs dans leurs considérations théurgiques et leur utilisation des Oracles chaldaïques, qu’il les ait lus ou que ceux-ci lui aient emprunté31. Un autre témoignage de Porphyre montre du moins comment il mêle sa tendance rationaliste et son ouverture aux différentes traditions religieuses quand il envisage aussi la descente ici-bas. II. Au moment de la descente un acte qui n’est pas si irrationnel qu’on aurait pu le croire A. L’incarnation est un mal pour l’âme, … 32 Jamblique, Sur l’âme, chez J. Stobée I 49, § 40. 29-34, vol. I p. 380. 14-19 Wachsmuth = Jamblique, ... 33 Voir Jamblique, Sur l’âme, chez J. Stobée, I 49, § 37. 76-82 et 93-99, vol. I p. 374. 21-375, 1 et ... 34 Voir aussi Proclus, In Tim. II, p. 129. 25-130. 4 Kroll= fr. 35. 26-34 dP. 35 In Tim. II p. 130. 1 Kroll= fr. 35. 30 dP. 25Les considérations négatives que Numénius attache à la description de la descente de l’âme ici-bas n’ont pas besoin d’être rappelées en détail. Jamblique simplifie sans doute, certes, lorsqu’il dit que, selon Numénius, toute incarnation est un mal32. Mais les textes analysés montrent que celui-ci considère réellement la descente dans la génération comme un retour aux flots de la matière. Or, dans le dialogue Sur le bien, la matière est décrite comme ce qui n’est ni être ni bien et d’autres témoignages en font directement le mal et la source du mal33. Dans la suite du témoignage de Porphyre De antro, § 28 = fr. 32 dP34, en outre, l’allégorie pythagorisante qui associe la Voie lactée au lait mentionne l’habitude du plaisir », ἡδονή, associé à la génération — le lait recelant une image à la fois nourricière et sexuelle. Or, là encore, le domaine du plaisir est associé à la matière d’après le même dialogue Sur le Bien 11 F = fr. 2 dP et 19 F = fr. 11 dP. Quand, à la fin du témoignage cité précédemment, Proclus reprend cette allégorie, il parle même d’une chute dans la génération. Il emploie une expression, ν πεουν εἰ γένειν35, qui remonte peut-être à Numénius, puisqu’une semblable paraît lui être prêtée dans le témoignage de Porphyre que nous allons étudier de suite ὴν εἰ ὴν γένειν πιν. 26Numénius envisage donc l’incorporation comme une association de l’âme avec la matière en raison d’une attirance d’ordre physique qu’il semble sinon réprouver, du moins considérer comme provoquée par la partie irrationnelle de l’âme qui n’est pas celle à cultiver. Or, d’après le schéma astrologique décrit plus haut, la descente de l’âme se déroule au moment où le soleil passe du tropique nord au tropique sud, ce qui produit le passage de l’été à l’hiver elle est assimilée à une diminution progressive de lumière au profit d’une obscurité croissante. L’image suffit à exprimer la chute progressive dans l’ignorance associée au sensible, toujours plus éloigné de l’intelligible. 27Numénius ne considère toutefois pas l’incarnation seulement ainsi. Il ne la conçoit du moins pas seulement comme dépendant de la matière ou comme résultant de la faiblesse de l’âme due à sa partie ou conjointe irrationnelle, qui s’est attachée à elle pour permettre le lien avec la matière dans la vie incorporée. L’intellect a peut-être sa part dans un acte qui ne semble pas si irrationnel. B. … mais pas seulement 28Pour s’en convaincre, il suffit d’analyser un autre témoignage de Porphyre, issu de la même allégorie. Il y associe les nymphes aux eaux et les identifie aux âmes qui descendent dans la génération. Cette fois, l’eau ne semble plus être seulement synonyme de matière provoquant un désir d’ordre sensible. Dans une synthèse des traditions familière à Numénius, elle est liée au souffle divin de la Genèse et aux astres ou démons égyptiens 36 Νύμφα δὲ ναΐδα λέγομεν καὶ ὰ ν ὑδάν προεώα δυνάμει ἰδί, ἔλεγον δὲ καὶ ὰ εἰ γένει ... 10 Nymphes Naïdes est justement le nom que nous donnons spécifiquement aux puissances qui président aux eaux, tandis qu’ils [scil. les théologiens, cf. § 9] le donnaient aussi communément à l’ensemble des âmes qui descendent dans la génération. Ils pensaient en effet que les âmes se tiennent près de l’eau parce qu’elle est emplie par le souffle divin » θεοπν ὄνι, comme le dit Numénius lorsqu’il explique que c’est pour cette raison que le Prophète lui aussi a dit que le souffle de Dieu, au-dessus de l’eau, se mouvait en elle ἐμφέρεθαι ἐπάν οῦ ὕδαο θεοῦ πνεῦμα, ± Gn 1, 2 et que, selon les Égyptiens, l’ensemble des daimones se trouvent non pas sur du solide, mais bien tous sur une barque même le Soleil et, simplement, tous les daimones, quels qu’ils soient, il faut le savoir, représentent les âmes qui volent sur l’humide, les âmes qui descendent dans la génération36. 37 Les peuples auxquels elles appartiennent sont considérés comme dignes de haute estime par Numénius, ... 29Deux traditions religieuses37 sont ici convoquées pour parler de l’incarnation d’une manière moins convenue qu’il n’est coutume chez les platoniciens de l’époque le verset biblique parle du souffle de Dieu qui, d’après la paraphrase qui en est donnée, est non seulement au-dessus des eaux, mais à l’intérieur ; la tradition égyptienne permet d’associer les âmes elles-mêmes aux figures astrales considérées comme des dieux. Le moment de l’incarnation n’est plus présenté comme le fruit d’un désir irrationnel attirant les âmes vers la matière. Le texte invite plutôt à considérer que ces âmes siègent près de l’eau parce que celle-ci est emplie du souffle divin » θεοπν. Le sens que prend ici l’adjectif θεπνοο n’est pas évident. Numénius l’explicite en recourant aux deux traditions évoquées et semble alors concevoir l’incarnation comme l’attirance d’un intellect pour un intellect d’ordre supérieur. 1. La tradition biblique Gn 1, 2 réécrit 38 Voir E. R. Dodds, Pagan and Christian in an Age of Anxiety, Some Aspects of Religious Experience ... 39 Elles sont énumérées dans F. Jourdan, Traditions bibliques et traditions égyptiennes au service d ... 40 La modification implique de lire ἐπάν οῦ ὕδαο θεοῦ πνεῦμα en un seul groupe et selon une struct ... 41 Il modifie implicitement le texte de la Lettre II 312 e en 23 F fr. 14 dP et vraisemblablement ... 42 Homère nomme les Νηΐαδε Naïades », dont le nom renvoie sans doute aux nymphes du mont Νήιον à ... 43 Tout le texte est traversé par cette tension entre ce qui est à l’intérieur et ce qui est au-dessus ... 44 Cet adjectif se retrouve dans le Corpus Hermeticum, I 30. L’initié qui a reçu de Poimandrès, identi ... 30Pour illustrer l’idée que l’eau, image de la matière dans laquelle vont s’incarner les âmes, est emplie du souffle divin » θεοπν, Numénius convie d’abord la tradition biblique. Son interprétation de Gn 1, 2 est la première attestation d’une allégorie biblique en dehors de la sphère judéo-chrétienne38. Pourtant, elle trahit d’emblée le texte. Porphyre transmet, au discours indirect, la formule suivante ἐμφέρεθαι ἐπάν οῦ ὕδαο θεοῦ πνεῦμα. Or, dans la Septante, pour Gn 1, 2, il est écrit καὶ πνεῦμα θεοῦ ἐπεφέρεο ἐπάν οῦ ὕδαο. Le verbe ἐπι-φέρομαι est devenu chez Numénius ἐμ-φέρομαι. Plusieurs hypothèses matérielles pourraient expliquer cette variante39, la plus simple consistant à imaginer une erreur de copie, la confusion entre ΕΠΙ et ΕΜ étant aisée. En outre, la structure de la phrase semble plus rude si l’on retient la modification40. Toutefois, elle ne l’exclut pas un changement syntaxique accompagne souvent une modification textuelle. Or Numénius est familier de telles modifications concernant la tradition grecque la plus sacrée, qu’il s’agisse de Platon41 ou d’Homère — en témoigne ici sa transformation des Naïades » de l’Odyssée, nymphes des montagnes, en Naïdes », qu’il présente comme les nymphes des eaux42. Il ne semble donc pas nécessaire de lui refuser une modification qui, selon nous, sert habilement son propos43. Numénius veut justifier son emploi de l’adjectif θεπνοο, qui littéralement signifie empli du souffle divin »44. Ce souffle ou esprit divin, selon la manière dont on traduit πνεῦμα, ne doit donc pas être seulement au-dessus de l’eau comme l’indique la préposition ἐπάν du verset, mais également à l’intérieur de l’eau. Voilà vraisemblablement pourquoi Numénius transforme le préverbe ἐπί qui précède la forme verbale φέρομαι en ἐμ-. 31Pour comprendre pleinement ses vues, deux éléments restent à éclairer le sens exact de la participiale θεοπν ὄνι dans la phrase étudiée et ce que Numénius entend par le πνεῦμα de Dieu. 45 On pourrait à cette occasion rappeler que le verbe רחף rḥp de Gn 1, 2b traduit par ἐπιφέρεθαι d ... a Dans la phrase où il apparaît, le groupe participial θεοπν ὄνι peut prendre deux sens les théologiens pensent que les âmes siègent à côté de l’eau parce que celle-ci est emplie du souffle divin et ils pensent que ce souffle est conçu ou bien par les âmes elles-mêmes, ou par un autre souffle qui attire les âmes45. La seconde interprétation est à première vue la plus évidente, mais nous verrons qu’elle est indissociable de la première. b Cette deuxième interprétation suppose que les âmes sont près de l’eau parce que celle-ci est pleine du souffle de Dieu et que cet état les attire. Comment expliquer toutefois qu’un attrait si noble de la part des âmes soit à l’origine de l’incarnation que Numénius semble condamner par ailleurs ? 46 Sur la notion de véhicule de l’âme, voir par ex. E. R. Dodds, Proclus. The Elements of Theology 19 ... 32Pour éviter cette conclusion, on pourrait imaginer que le terme πνεῦμα renvoie au véhicule de l’âme46. Les âmes siègeraient près de l’eau pour venir y chercher ce véhicule leur permettant l’incarnation. L’image des navires, dans la tradition égyptienne, conforterait cette interprétation. Dans les textes où apparaît cette notion, néanmoins, le véhicule de l’âme n’est pas considéré comme divin. Il est au contraire associé à l’âme irrationnelle. 47 Le texte hermétique auquel il a été fait allusion indique déjà une relation entre le souffle divin ... 48 Il s’agit ici de In Tim. CCC, le fr. 52 dP s’achevant au paragraphe CCXCIX. 49 Voir F. Jourdan, Materie und Seele in Numenios’ Lehre vom Übel und Bösen », art. cit. p. 150, 172 ... 50 Voir les fragments 20-22 F fr. 12-14 dP et 24-28 F 16-20 dP. 33Une interprétation plus convaincante, en accord avec la tradition judéo-hellénistique à laquelle Numénius emprunte, consiste à comprendre que ce πνεῦμα renvoie à l’Esprit de Dieu que Numénius associerait comme Philon à l’intellect47. Dans la suite du témoignage de Calcidius sur l’enseignement pythagoricien transmis par Numénius48 figure justement une telle association qui, selon nous, remonte elle aussi à Numénius49. Or, d’après l’interprétation donnée là de Gn 2, 7, l’intellect est transmis par Dieu lui-même aux hommes, sans que Dieu le perde. Il est donc probable que, par πνεῦμα de Dieu, Numénius songe à l’intellect issu de Dieu chez lui du premier dieu qui, selon lui, est également dieu50, et qui est ensuite transmis aux hommes. Cela expliquerait l’identification qui semble se profiler aussi entre ce πνεῦμα et les âmes, et confirmerait la première interprétation de l’expression θεοπν ὄνι proposée l’eau est pleine de ces âmes-intellects. Ce moment préalable à l’incarnation n’aurait rien de négatif il décrirait soit le moment où les âmes-intellects siègent près de l’eau qu’elles vont ensuite emplir, soit un moment où elles viennent retrouver ou chercher ? l’intellect qu’elles sont elles-mêmes lorsqu’elles sont authentiquement elles-mêmes. L’eau qui représente le monde sensible serait remplie de l’Intellect divin proprement dit, mais aussi de chacune de ces âmes dotées d’un intellect qui les rend divines à leur tour. 51 Sur ce sujet, voir F. Jourdan, Pourquoi n’y a-t-il pas d’âme du monde dans le dialogue de Numéniu ... 52 Voir l’analyse de 26 F dans l’article cité à la note précédente.— Nous revenons ici sur notre posit ... 53 Timée, 36 e 2-3. 54 Les stoïciens, dont Numénius emprunte souvent la terminologie, mais non les conceptions, confient l ... 34Aussi paradoxal qu’il puisse paraître s’il est juxtaposé aux propos négatifs sur l’incarnation, cet enseignement est conforme à celui que Numénius dispense dans le dialogue Sur le Bien. Son premier dieu est certes un intellect transcendant le monde et même son dieu démiurge est un intellect qui gouverne le monde sensible sans le pénétrer réellement51. Mais ce démiurge a sans doute l’âme du monde ou peut-être plus exactement l’intellect de l’âme du monde comme relais à la fois supérieur au monde et intérieur à lui pour perpétuer son harmonisation du sensible52. Telle est du moins la représentation de l’âme du monde dans le Timée53 qui la décrit comme immanente au monde, tandis qu’elle l’entoure aussi de l’extérieur54. Comme cet intellect divin, l’intellect humain ou la partie rationnelle de l’âme humaine serait alors lui aussi à la fois au-dessus de la génération en ce qu’il la précèderait et lui survivrait, et en elle puisqu’il ne quitterait pas l’âme lorsqu’elle s’incarne. 35Numénius ne concevrait pas seulement l’incarnation comme une chute de l’âme, mais comme un désir de celle-ci de retrouver son semblable qu’est cet intellect divin situé dans l’âme du monde. L’âme humaine pourrait rejoindre le divin aussi ici-bas — conclusion confirmée par le dialogue Sur le Bien qui enseigne la manière dont le Bien et l’ordre se transmettent au monde. 55 Sur les nuances à apporter à cet apport du mithraïsme, voir F. Jourdan, Numénius et les tradition ... 56 Voir W. Hübner, Les éléments astrologiques … », art. cit. p. 63-64, 84 et 102. 57 Voir l’image du navire qui, en 11 F fr. 2 dP, est une métaphore du Bien et, en 26 F fr. 18 dP, ... 36Au passage, l’eau se charge d’une autre connotation elle ne représente plus le lieu du pur désordre, irrationnel et contingent ; elle devient le réceptacle de l’intellect et du divin, tout comme la matière et le sensible le sont en 19 F. Cette mutation sémantique ne doit pas étonner. Elle se justifie de trois manières liées au contexte dans les vers homériques, les Nymphes représentent la nature limpide et pure de l’eau De antro, § 17 ; la religion mithraïque conviée peut-être55 par Numénius et Porphyre pour interpréter le passage accorde une place importante à cet élément ; dans le Timée 32 b-c ; 42 b-e auquel Numénius est fidèle, enfin, l’eau est placée immédiatement après le feu et avant l’air, ce qui ne s’accorde certes pas avec l’opinion commune, mais avec la tradition mithraïque56. Tissant ces différentes traditions, Numénius parvient à un discours cohérent, au prix d’un changement du sens de l’image qui ne lui est pas étranger57. 2. La tradition égyptienne interprétée dans le même sens 58 La notion de daimones renvoie aussi et surtout aux décans égyptiens, groupe de trente-six constella ... 59 Ibid. p. 443. 37Numénius poursuit sa confirmation du sens à donner à l’expression θεοπν ὄνι en interprétant la tradition égyptienne qui représente ses dieux astraux, devenus δαίμονε en vertu de l’interpretatio graeca58, comme voguant sur l’eau dans la barque du soleil. Selon lui59, tous ces δαίμονε représentent les âmes qui descendent dans la génération. 60 90 a3-5 et c5. Voir aussi Héraclite 22 B 119 DK = 94 Marcovich = 131 Pradeau selon lequel l’âme d ... 61 Plutarque développe l’image dans le mythe eschatologique du De genio Socratis 22, 591 D-F. Sur les ... 38Associer les âmes à des δαίμονε qui voguent sur l’eau, permet peut-être plus facilement encore d’illustrer l’affirmation que l’eau est pleine d’un souffle divin, vraisemblablement identifié à l’intellect à la fois du dieu et des âmes. Le lien des δαίμονε au souffle de la tradition biblique est du moins réalisé ici par le participe ἐπιπομένα, dont à la fois le sens et le préfixe font écho au verset réécrit ἐμφέρεθαι ἐπάν οῦ ὕδαο θεοῦ. En outre, le Timée60 lui-même compare l’intellect à un δαίμν situé au sommet de l’âme61. Par suite, le soleil, principal de ces dieux astraux, est lui aussi identifié à une âme et sans doute à un intellect l’image est très semblable à la précédente où l’Intellect de Dieu et les âmes finissaient par être unis dans la même notion de πνεῦμα ou souffle emplissant les eaux, sans pour autant être pleinement identifiés. La différence est que Dieu et le soleil restent les figures éminentes qui attirent les autres ou autour desquelles celles-ci évoluent. 62 Le mythe égyptien décrit le cycle perpétuel des levers et des couchers des astres, liés à celui de ... 63 Voir Platon, Lois X 899, selon lequel le monde est plein de puissances divines, idée que Numénius a ... 39Considérée en elle-même, la tradition égyptienne semble simplement confirmer que l’incarnation concerne les intellects, tandis que l’exploitation de la tradition biblique suggérait peut-être en outre une rencontre positive, dans la génération, entre l’intellect du dieu et ceux des âmes humaines. Mais Numénius ne laisse rien percevoir de négatif dans la tradition égyptienne qu’il utilise pour représenter le cycle des incarnations successives de l’âme62 et l’ensemble sert simplement à confirmer l’idée que le monde sensible, associé à l’eau, est plein d’intellects63, c’est-à-dire de divin dans l’esprit platonicien. 64 Numénius a pu souhaiter s’opposer ici à Plutarque, sur ce sujet, voir F. Jourdan, Traditions bibl ... 65 Voir Porphyre, De antro, §§ 21-24. 66 Timée, 41 d ; 69 c-71 e. 67 Cette doctrine est présente dans le Corpus hermeticum, Poimandrès, I 25-26 ; dans le De abstinentia ... 40Peut-on préciser l’intention de Numénius ? Son insistance sur le fait que tous les δαίμονε font le voyage et donc que toutes les âmes sont concernées par l’incarnation indique peut-être une prise de position dans un débat philosophique sur le type d’âmes devant s’incarner64 même les âmes supérieures en ce qu’elles seraient de purs intellects finiraient par le faire. Peut-être évoque-t-il aussi plus simplement le tout début de l’incarnation, le moment où les âmes quittent la sphère purement intelligible représentée vraisemblablement par la sphère des fixes65 et sont encore de purs intellects, auxquels ne se sont pas jointes les parties psychiques mortelles évoquées dans le Timée66, voire les enveloppes psychiques acquises au cours d’une descente à travers les sphères célestes — doctrine dont parle Macrobe et qui semble plus difficile d’attribuer à Numénius67. 68 Voir F. Jourdan, Pourquoi n’y a-t-il pas d’âme du monde dans le dialogue de Numénius Sur le Bien ... 41Il n’en demeure pas moins frappant qu’ici, plus aucune considération négative n’est adjointe à l’image de la descente des âmes. Celles-ci semblent au contraire rejoindre l’intellect divin lui-même dans le monde sensible. Cet intellect n’est certes pas le dieu transcendant, ni même sans doute le deuxième intellect que Numénius identifie au démiurge68. Il s’agit sans doute plutôt de l’intellect de l’âme du monde. Mais, comme l’enseigne le fragment 21 F, cet intellect est lui aussi une semence du premier intellect. Le processus permet une réunion avec l’intellect divin en ce monde qui a sans doute pour vertu d’y introduire l’ordre et l’harmonie, le divin et l’intelligible. Si, d’après les témoignages, Numénius concevait l’incarnation comme un mal pour chaque âme considérée individuellement, il ne l’envisageait peut-être pas ainsi pour le monde et il ne semble pas même considérer que l’intellect de chacune y perçoive elle-même un mal. Cet intellect se trompe-t-il ? Rien ne le suggère ici. 42Cette interprétation conduit alors à une nouvelle lecture de la fin du texte où est cité Héraclite. C. Une lecture différente d’Héraclite ? 43Les dernières lignes du témoignage peuvent être traduites ainsi 69 Porphyre ne quitte pas le style indirect. Il continue visiblement à rapporter le propos de Numénius 70 Héraclite, 22 B 77a et b DK = 102 Pradeau. 71 Porphyre, De antro, § 10. 161-166 = fr. 30. 10-17 dP. De là vient aussi que, selon lui69, Héraclite dit que, pour les âmes, devenir humides est jouissance et non mort » — jouissance έρψι est pour elles la chute πι dans la génération —, et qu’il dit ailleurs que nous vivons leur mort et qu’elles vivent notre mort »70. Par conséquent aussi, d’après lui, le poète scil. Homère qualifie ceux qui sont dans la génération de mouillés » διερού, Od. VI 21 parce que leur âme est imprégnée d’humidité71. 72 Sur l’ambiguïté de l’adjectif διερό utilisé par Homère et qui signifie à la fois vivant » et ... 44Numénius expose deux traditions grecques Héraclite et Homère, qui lui permettent d’associer l’eau à la génération et même au plaisir ou à la jouissance έρψι. Elles sont présentées de manière à faire apparaître l’association devenue habituelle de l’humide et de la génération, ici associée au défaut d’intelligible et d’intelligence, le tout conçu comme une forme de mort pour l’âme. Nous ne nous intéresserons ici qu’au recours à Héraclite72. Le deuxième passage de celui-ci, selon lequel nous vivons quand les âmes meurent et mourons quand elles vivent ζῆν ἡμᾶ ὸν ἐκείνν θάναον καὶ ζῆν ἐκείνα ὸν ἡμέερον θάναον, confirmerait cette vision négative pris dans un contexte platonicien, il paraît suggérer que la vie véritable des âmes se situe dans l’éloignement de la génération qui correspond à la mort physique de l’homme, tandis que la vie incorporée est pour elles synonyme de mort, puisqu’elles chutent dans la génération. 73 Nous n’approfondirons pas ici cette piste de lecture évidemment essentielle. Sur ce sujet, voir H. ... 45Lues dans l’ensemble du témoignage, cependant, les deux références à Héraclite appellent peut-être une autre interprétation. Numénius ne les a pas nécessairement prises au sens où nous avons coutume de le faire, en suivant les chrétiens qui nous transmettent les fragments semblables et en adoptant l’esprit du Phédon que nous estimons a priori sous-jacent à la pensée du platonicien73. 74 Eraclito. Frammenti, Florence, La Nuova Italia, [1967] 19782. 75 22 B 36 DK= 66 Marcovich= 101 Pradeau 76 22 B 62 DK= 47 Marcovich= 28, 8 Pradeau. 46Reprenons les deux phrases qu’il prête à Héraclite. La première est pour les âmes, devenir humides est jouissance et non mort » ψυχῇι φάναι έρψιν μὴ θάναον ὑγρῇι γενέθαι — la suite jouissance est pour elles la chute dans la génération » peut être une interprétation de Numénius έρψιν δὲ εἶναι αὐαῖ ὴν εἰ ὴν γένειν πιν. La deuxième phrase est nous vivons leur mort et elles vivent notre mort » ζῆν ἡμᾶ ὸν ἐκείνν θάναον καὶ ζῆν ἐκείνα ὸν ἡμέερον θάναον. M. Marcovich74, suivant en cela G. S. Kirk, ne retient pas ces deux textes comme un ou deux fragments proprement dits. Selon lui, ils constituent une variante pythagorisante de deux autres, transmis respectivement par Clément d’Alexandrie et par le Pseudo-Hippolyte. Chez Clément, on lit pour les âmes, la mort c’est devenir eau »75 ; chez le Pseudo-Hippolyte, se trouve l’antithèse suivante Immortels mortels, mortels immortels vivant la mort de ceux-là, mourant la vie de ceux-là »76. 47Numénius peut avoir reformulé les propos d’Héraclite transmis par la tradition. À défaut de pouvoir le prouver, nous tenterons simplement de montrer qu’ils prennent un sens particulier dans le contexte où il les utilise. 77 Héraclite, Fragments, Paris, Flammarion, 2002, p. 285. Voir aussi L. Saudelli, Eraclito ad Alessand ... 48Commençons par la première phrase. La négation μή, devant θάναον, a étonné les éditeurs qui, à l’instar d’Hermann Diels, l’ont parfois corrigée en ἤ selon eux, Héraclite ne peut avoir dit que la génération n’était pas la mort de l’âme. Toutefois, comme l’a montré Jean-François Pradeau77, la correction est inutile Héraclite dénonce sans doute une erreur commise par les âmes qui ne voient pas la génération comme leur mort véritable. 78 Le verbe ερπώ indique un sentiment de contentement ou de plaisir. 79 Le même processus d’interprétation déformante est à l’œuvre dans la lecture numénienne de Timée, 39 ... 49Replaçons-nous maintenant dans l’esprit de Numénius qui cite ce passage ou le reformule pour les âmes, devenir humides est jouissance et non mort » ψυχῇι φάναι έρψιν μὴ θάναον ὑγρῇι γενέθαι. Rien, dans le contexte, n’impose de penser que Numénius estime lui aussi qu’il s’agit d’une erreur des âmes. Cette interprétation est certes possible. Mais il semble surtout utiliser Héraclite comme une autre source vénérable devant confirmer ce qu’il vient de montrer grâce aux traditions précédentes. Il a suggéré que les âmes sont entrées dans la génération pour y retrouver l’intellect divin. Il peut interpréter le passage prêté à Héraclite littéralement cette entrée dans la génération n’est pas synonyme de mort pour les âmes ; elle est réellement une raison de se réjouir78. Même si le terme έρψι n’a pas la connotation positive de la joie intellectuelle, Numénius entend peut-être ce plaisir comme le plaisir à retrouver son semblable, un semblable qui n’est pas présenté comme l’irrationnel. Lorsqu’il précise ensuite qu’il s’agit du plaisir à entrer dans la génération, il explicite ce que veut dire être humide chez Héraclite comme chez lui. Cette paraphrase peut donc remonter à Héraclite. Seul le terme πι, qui décrit une chute plutôt qu’une simple entrée dans la génération, semble relever de l’interprète parce qu’il est connoté négativement. La connotation péjorative n’est toutefois pas une objection majeure à la démonstration Numénius pense que la descente dans la génération n’est pas bonne pour l’âme. Mais la citation qu’il a choisie vise quant à elle à décrire la situation. Étant donné qu’il a sans doute retouché la citation biblique et le texte d’Homère pour son propos, il n’est pas exclu qu’il ait aussi retouché le texte d’Héraclite pour le faire correspondre à sa description et soit lui-même à l’origine de la négation μή. Néanmoins, le simple fait de prendre le propos d’Héraclite au sens littéral plutôt que d’y voir la dénonciation d’une erreur suffit à lui donner le sens désiré dans le contexte79. 50Passons à la deuxième citation nous vivons leur mort et elles vivent notre mort » ζῆν ἡμᾶ ὸν ἐκείνν θάναον καὶ ζῆν ἐκείνα ὸν ἡμέερον θάναον. 51Placée dans un contexte platonicien imprégné par le Phédon où la véritable vie de l’âme correspond à la mort du corps ou plus exactement à la mort au corps, cette phrase a un sens évident Numénius la citerait pour dire à travers Héraclite que notre vie incarnée correspond en réalité à la mort de l’âme, tandis que la vie véritable de l’âme correspondrait à notre mort physique, où l’âme est séparée du corps. Qu’il ne s’agisse vraisemblablement pas du propos d’Héraclite, jouant sur les contraires et n’ayant sans doute pas envisagé l’immortalité de l’âme, importe peu au citateur. Mais ce n’est peut-être pas non plus le sens que Numénius donne ici à la citation. Continuons à lire les deux textes qu’il attribue à Héraclite à la fois ensemble et dans leur sens littéral. Numénius vient de prêter à Héraclite l’idée que devenir humide, c’est-à-dire entrer dans la génération, n’équivaut pas à la mort des âmes. Lorsqu’il dit nous vivons leur mort », il ne pense peut-être pas davantage que la mort évoquée renvoie à la génération. Il veut peut-être lire au contraire que nous vivons réellement quand les âmes meurent au sens où elles quittent la génération — on retrouverait le sens de la leçon manuscrite αὐογένειν du premier témoignage analysé la véritable naissance des esclaves que sont les hommes et donc leur vie ne commencerait que lorsque leurs âmes quittent la génération. Quant à la suite de la citation, elles vivent notre mort », elle pourrait signifier ici selon Numénius que lorsque les âmes vivent, au sens cette fois où elles entrent dans la génération selon les représentations précédentes, nous mourons quant à nous à la vie véritable. 80 Le nous » est un concept ensuite développé par Plotin, voir le traité 53 I 1 édité par G. Aubry ... 52Cette interprétation dépend certes du sens à donner à la première personne du pluriel selon la lecture proposée, le nous » ἡμεῖ du texte ne renverrait pas à l’homme incarné, mais à l’intellect que nous sommes véritablement. Numénius lèverait l’antithèse que semble receler le passage d’Héraclite entre ce nous » et les âmes » dont le cheminement vers le haut ou vers le bas serait alors le même il unirait notre sort au leur dans une même identification à l’intellect80. De l’antithèse héraclitéenne ne resterait que la syllepse sur le verbe ζῆν, une fois pris au sens de vivre hors de la génération, une fois au sens de vivre en elle. Il est certes impossible de savoir si Numénius a cherché la cohérence absolue dans l’ensemble du passage et s’il a véritablement choisi de lire la première citation qu’il prête à Héraclite au sens littéral. Mais cette interprétation ne peut être exclue. Elle ne produit aucune incohérence avec le propos général puisqu’elle n’implique pas d’exalter l’incarnation que Numénius continue à considérer comme une chute de l’âme. La vie véritable est la vie éloignée du sensible. Le contexte où l’incarnation n’est pas présentée comme une erreur de l’âme ou comme un mal pour elle, puisqu’elle semble permettre une rencontre entre intellects divins ici-bas, peut avoir suggéré cette autre lecture des textes d’Héraclite. N’oublions pas que, dans le mythe d’Er, les âmes qui redescendent le font avec joie ἁμένα εἰ ὸ λειμνα, X 614 e 2 Numénius serait peut-être plus fidèle à Platon qu’on ne voudrait le croire. Conclusion 53Fidèle à Platon, Numénius l’est dans sa manière d’envisager le retour de l’âme vers son lieu d’origine divine comme un processus de séparation avec le sensible. Lorsque l’âme est déjà séparée du corps, dans la mort physique, il s’agit d’une libération de l’âme ou partie de l’âme irrationnelle destinée à permettre la vie dans le sensible. Ce retour concerne le seul intellect qui remonte vers les dieux que sont vraisemblablement les autres intellects et surtout l’intellect suprême, le premier dieu, semence de tout intellect. À l’inverse, Numénius semble généralement considérer l’incarnation comme un mal pour l’âme, sans doute en ce qu’elle installe celle-ci dans le sensible sous l’effet d’un désir physique et l’éloigne ainsi de l’intelligible. 81 N’oublions pas que, selon le fragment 24 F 16 dP, le monde est beau par sa participation au Beau ... 54Sa position ne se résume néanmoins pas à cette conception courante au sein du platonisme. Le désir à l’instant évoqué est celui de la partie irrationnelle de l’âme ou de l’âme irrationnelle, qui vient s’attacher à l’intellect pour permettre l’incarnation. Numénius semble aussi concevoir la descente de l’âme ici-bas comme l’effet d’une attirance pour l’intellect qui dirige le monde et le pénètre. L’âme concernée n’est pas irrationnelle. Elle est l’intellect qui pénètre ce monde pour l’emplir à son tour de sa présence rationnelle et divine, d’où son plaisir, cette fois rationnel, à s’incarner. L’âme ne retrouverait pas sa source spirituelle et son semblable d’un ordre supérieur uniquement lorsqu’elle quitte ce monde ; elle le retrouverait aussi lorsqu’elle y descend81. Une telle conception aura pu conduire Numénius à lire Héraclite d’une manière différente de celle qui nous est habituelle, parce que nous avons du mal à imaginer un platonicien envisager une dimension rationnelle au plaisir que l’âme pourrait prendre à entrer dans le sensible. 82 Jamblique chez J. Stobée I 49, § 40. 29-34, vol. I p. 380. 14-19 Wachsmuth = Jamblique, De anima, ... 83 Telle est l’image de l’âme après la mort représentée dans le mythe d’Er ou dans celui du Gorgias pa ... 84 Sur ce point, voir le fragment 27 F fr. 19 dP. 55Cette interprétation fait coïncider deux manières de concevoir l’incarnation, selon le motif qui en est donné pour cause et la partie de l’âme qui en est considérée à l’origine négative, quand cette incarnation serait provoquée par les appétits de l’âme irrationnelle, eux-mêmes liés à l’origine matérielle de cette âme ; positive, lorsqu’elle serait due à l’attirance de l’intellect pour son semblable ici-bas82. Se rejoignent par là aussi les deux voies par lesquelles pouvait être abordée la question du retour de l’âme vers son origine. Si la génération permet à l’intellect de retrouver son semblable ici-bas, elle représente pour l’âme qui l’héberge ou le représente une étape vers ce retour qu’elle n’aurait pu accomplir après la mort, soit faute d’être encore suffisamment détachée du sensible et de l’âme ou partie de l’âme qui le rattachait à celui-ci83, soit parce qu’elle devait encore subir le cycle des générations. Que ce soit ici-bas ou dans l’au-delà, le retour est assuré par l’exercice de l’intellect et de la pensée qui permet la rencontre du Bien véritable, ici et maintenant84. Haut de page Bibliographie Agosti, G., Un commento al De antro nympharum di Porfirio », Giornale Italiano di Filologia 38, 1986, p. 283-292. Alt, K., Weltflucht und Weltbejahung, Zur Frage des Dualismus bei Plutarch, Numenios, Plotin », Mainz, Akademie der Wissenschaft und der Literatur, Stuttgart, F. Steiner, 1993. Assman, J., Tod und Jenseits im Alten Ägypten, München, C. H. Beck, [2001] 20102. Baumbach, M. éd., Die Seele im Kosmos, Porphyrios, Über die Nymphengrotte in der Odyssee », Tübingen, Mohr Siebeck, 2019. Buffière, F., Les mythes d’Homère et la pensée grecque, Paris, Les Belles Lettres, 1956. Chiaradonna, R., Plotino il “noi’ e il νου », in G. Aubry et F. Ildefonse éds., Le moi et l’intériorité, Paris, Vrin, 2013, p. 277-293 Decleva-Caizzi, F., La “Materia scorrevole”. Sulle tracce di un dibattito perduto », in J. Barnes et M. Mignucci éds., Matter and metaphysics, Fourth symposium Hellenisticum », Napoli, Bibliopolis, 1988, p. 425-470. Dodds, E. R., Proclus. The Elements of Theology, Oxford, Clarendon Press, [1933] 1963, p. 313-321. Dodds, E. R., Pagan and Christian in an Age of Anxiety, Some Aspects of Religious Experience from Marcus Aurelius to Constantine », Cambridge, Cambridge University Press, 1965. Domaradzki, M., Of Nymphs and Sea, Numenius on Soul and Matter in Homer’s Odyssey », Greece and Rome 67-2, 2020, p. 139-150. Dorandi, T. dir., Porphyre, L’Antre des nymphes dans l’Odyssée, Paris, Vrin, 2019. Harl, M., dir., La Bible d’Alexandrie, La Genèse, traduction du texte grec de la Septante, introduction et notes, Paris, Cerf, 1986. Hübner, W., Die Eigenschaften der Tierkreiszeichen in der Antike. Ihre Darstellung und Verwendung unter besonderer Berücksichtigung des Manilius, Wiesbaden, F. Steiner, 1982. Hübner, W., Les éléments astrologiques dans le De antro nympharum », in T. Dorandi dir., Porphyre, L’Antre des nymphes dans l’Odyssée, Paris, Vrin, 2019, p. 59-103. Jourdan, F., La matière à l’origine du mal chez Numénius. Un enseignement explicité chez Macrobe ? Première partie La doctrine du corps astral et des facultés produites par l’âme lors de sa descente à travers les sphères planétaires », Revue de Philosophie Ancienne 31, 1, 2013, p. 41-98. Jourdan, F., La matière à l’origine du mal chez Numénius. Un enseignement explicité chez Macrobe ? Deuxième partie La doctrine de la matière affectant l’âme lors de sa descente vers le corps terrestre », Revue de Philosophie Ancienne 31, 2, 2013, p. 149-178. Jourdan, F., Le fragment 43 des Places de Numénius. Problèmes d’édition, tentatives d’interprétation », Études platoniciennes 10, 2013. Jourdan, F., La matière à l’origine du mal chez Numénius fr. 52 des Places, Calcidius ; cf. fr. 43 des Places, Jamblique », Philosophie antique 14, 2014, p. 185-235. Jourdan, F., Materie und Seele in Numenios’ Lehre vom Übel und Bösen », in F. Jourdan et R. Hirsch-Luipold éds., Die Wurzel allen Übels. Vorstellungen über die Herkunft des Bösen und Schlechten in der Philosophie und Religion des Jahrhunderts », Tübingen, Mohr Siebeck, 2014, p. 133-210. Jourdan, F., Traditions bibliques et traditions égyptiennes au service d’une exégèse du mythe d’Er Numénius et l’allégorie d’Homère dans le fragment 30 des Places », Études philosophiques, 2015, 3, p. 431-452. Jourdan, F., Numénius a-t-il commenté le Parménide ? Deuxième partie Numénius et le Commentaire anonyme au Parménide », Revue de philosophie ancienne 2019, 2, n° 37, 2, p. 209-277. Jourdan, F., Une exégèse de l’Antre des nymphes au service d’une interprétation du mythe d’Er — Numénius, fr. 30-35 des Places », in S. Roux éd., Homère et les philosophes, Paris, Hermann, 2020, p. 61-82. Jourdan, F., L’οὐία chez Numénius une notion qui s’élabore progressivement. Analyse des difficultés relatives à l’οὐία et à l’ἰδέα dans les fragments 22 F, 24 F et 28 F fr. 14, 16 et 20 dP », Χώρα 18-19, 2021, p. 455-480. Jourdan, F., Numénius et les traditions “orientales” essai sur l’accord perçu entre elles et Platon fr. 1 / 10 F », in N. Belayche et F. Massa, éds., Les philosophes et les mystères dans l’Empire romain, Liège, Presses Universitaires de Liège / De Boccard, 2021, p. 59-89. Jourdan, F., Pourquoi n’y a-t-il pas d’âme du monde dans le dialogue de Numénius Sur le Bien ? La non identification du “troisième” dieu à l’âme du monde dans le Περὶ ἀγαθοῦ », Philosophie antique 21, 2021, p. 233-264. Kehl, A., Gewand der Seele », Reallexikon für Antike und Christentum, 10, 1978, col. 945-1025. Marcovich, M., Eraclito. Frammenti, Florence, La Nuova Italia, [1967] 19782. Moreau, J., L’âme du monde de Platon aux Stoïciens, Paris, Les Belles Lettres, 1939. Pradeau, Héraclite, Fragments, Paris, Flammarion, 2002. Saudelli, L., Eraclito ad Alessandria, Studi e ricerche intorno alla testimonianza di Filone », Turnhout, Brepols, 2012. Tarrant, H., The Phaedo in Numenian Allegorical Interpretation », in S. Delcomminette, P. d’Hoine, and Gavray eds., Ancient Readings of Plato’s Phaedo, Leiden, Brill, 2015, p. 134-153. Topp, B., “ύμβολον οῦ κμου” Astronomisch-astrologische Vorstellungen in Porphyrios’ De antro Nympharum », in M. Baumbach éd., Die Seele im Kosmos, Porphyrios, Über die Nymphengrotte in der Odyssee », Tübingen, Mohr Siebeck, 2019, p. 117-140. Haut de page Document annexe Haut de page Notes 1 La numérotation des fragments et témoignages de Numénius ici adoptée provient de l’édition commentée que nous avons présentée dans l’inédit de notre Habilitation à diriger des recherches novembre 2019. Cet ouvrage est à paraître aux Belles Lettres. La première fois que nous mentionnons un fragment ou un témoignage, nous indiquons entre parenthèses la numérotation correspondant dans l’édition d’Édouard des Places Numénius, Fragments, Paris, Les Belles Lettres, 1973. 2 Nous ne traiterons pas ici de Macrobe dont les sources sont plurielles. Sur ce sujet, voir F. Jourdan, La matière à l’origine du mal chez Numénius. Un enseignement explicité chez Macrobe ? Première partie La doctrine du corps astral et des facultés produites par l’âme lors de sa descente à travers les sphères planétaires », Revue de philosophie ancienne 31, 1, 2013, p. 41-98 et La matière à l’origine du mal chez Numénius. Un enseignement explicité chez Macrobe ? Deuxième partie La doctrine de la matière affectant l’âme lors de sa descente vers le corps terrestre », Revue de philosophie ancienne 31, 2, 2013, p. 149-178. 3 H. Tarrant The Phaedo in Numenian Allegorical Interpretation », in S. Delcomminette, P. d’Hoine, and Gavray eds., Ancient Readings of Plato’s Phaedo, Leiden, Brill, 2015, p. 134-153, ici p. 141-142 pense même que ce mythe n’était peut-être pas son sujet principal, du moins lui adjoint-il un intérêt tout particulier pour le Phédon. 4 Voir par ex. F. Jourdan, Une exégèse de l’Antre des nymphes au service d’une interprétation du mythe d’Er — Numénius, fr. 30-35 des Places », in S. Roux éd., Homère et les philosophes. Lectures et usages d’une œuvre dans l’histoire de la philosophie, Paris, Hermann, 2020, p. 61-82. 5 Contre Celse, V 57 Numénius, fr. 29 dP. 6 Porphyre, De antro nympharum, § 21-23. 301-329 Dorandi extraits = Numénius, fr. 31 des Places, extraits. 7 Sauf indication spécifique, nous traduisons nous-même les textes cités. 8 La suite § 28 précise dans la Voie lactée, ce qui est une erreur déjà remarquée au Moyen Âge. Sur ce point, voir W. Hübner, Les éléments astrologiques dans le De antro nympharum », in T. Dorandi dir., Porphyre, L’Antre des nymphes dans l’Odyssée, Paris, Vrin, 2019, p. 84. 9 Voir Porphyre, De antro, § 28. 387-391 Dorandi Num. fr. 32 dP, extraits et W. Hübner, Die Eigenschaften der Tierkreiszeichen in der Antike. Ihre Darstellung und Verwendung unter besonderer Berücksichtigung des Manilius, Wiesbaden, F. Steiner, 1982, p. 744-780; id. Les éléments astrologiques … », art. cit. p. 66. 10 Porphyre recourt au thema mundi qui domicilie les planètes dans les signes du zodiaque, ce qui toutefois introduit une série de contradictions, voir W. Hübner, Les éléments astrologiques … », art. cit. p. 66-67, p. 88-89 ; B. Topp, “ύμβολον οῦ κμου” Astronomisch-astrologische Vorstellungen in Porphyrios’ De antro Nympharum », in M. Baumbach éd., Die Seele im Kosmos, Porphyrios, Über die Nymphengrotte in der Odyssee », Tübingen, Mohr Siebeck, 2019, p. 117-140, ici p. 137-138. 11 Platon, Rép. X 614 b 8-c 3 ; cf. 615 e 1-2. Voir F. Jourdan, Une exégèse de l’Antre des nymphes au service d’une interprétation du mythe d’Er… », art. cit. 12 Voir de même la formule paradoxale μαρυρούμενο ν δύο χαμάν καὶ ὴν Ὁμήρου ποίηιν dans le témoignage de Proclus cité plus loin. 13 La précision ψυχν ὡ οὐν καθ’ αὑὸ ἢ ῇ οὐίᾳ ἀθανάν, les âmes en elles-mêmes ou par essence », peut renvoyer à la distinction qui s’élabore au fragment 24 F 16 dP du Περὶ ἀγαθοῦ entre le fait d’être en général et la définition spécifique. Elle correspond aux deux sens que prend là οὐία et qui sont un moment distribués aux termes οὐία et ἰδέα, voir F. Jourdan, L’οὐία chez Numénius une notion qui s’élabore progressivement. Analyse des difficultés relatives à l’οὐία et à l’ἰδέα dans les fragments 22 F, 24 F et 28 F fr. 14, 16 et 20 dP », Χώρα, 18-19, 2021 p. 455-480. On pourrait presque traduire par à la fois parce qu’elles sont réellement et par leur définition spécifique ». 14 In Phaed. p. 124. 13-18= fr. 46 a dP. 15 Sur cette contradiction et d’autres de même teneur, voir par ex. Hübner, Les éléments astrologiques … », art. cit. p. 87-89 et 102 ; B. Topp, “ύμβολον οῦ κμου” … », art. cit. p. 137-138. 16 Seminar classics 609, ad hoc. 17 W. Hübner ibid. p. 71-72 adopte cette lecture sans la discuter. 18 Le manuscrit M a ὴν γένειν. 19 Dans le Περὶ ἀγαθοῦ, il parle de l’αὐον et de l’αὐοάγαθον, et on l’imagine bien avoir introduit la notion d’αὐοζον, de Vivant en soi ». Sur ce point, voir le commentaire au témoignage de Proclus 30 T = fr. 22 dP dans notre édition. 20 On la trouve par exemple dans le commentaire de Porphyre au Timée, chez Proclus In Tim. I p. 147. 22 Diehl= Porphyre, In Tim. fr. XVI l. 14 Sodano. 21 Comme le fait également G. Agosti, Un commento al De antro nympharum di Porfirio », Giornale Italiano di Filologia 38, 1986, p. 283-292, ici p. 285. 22 Voir plus bas l’interprétation du témoignage de Porphyre, De antro, § 10 = fr. 30 dP. 23 Porphyre, De antro, § 34. 471-478 Dorandi = Numénius, fr. 33 dP. 24 Sur sujet, voir généralement F. Decleva-Caizzi, La “Materia scorrevole”. Sulle tracce di un dibattito perduto », dans J. Barnes, M. Mignucci éds., Matter and metaphysics, Fourth symposium Hellenisticum », Napoli, Bibliopolis, 1988, p. 425-470. Concernant Numénius, voir aussi le fragment 26 F fr. 18 dP. 25 Le témoignage de Porphyre peut donner l’impression que Numénius envisage une sortie du cycle des générations. Toutefois, avec K. Alt Weltflucht und Weltbejahung, Zur Frage des Dualismus bei Plutarch, Numenios, Plotin », Mainz, Akademie der Wissenschaft und der Literatur, Stuttgart, F. Steiner Verlag, 1993, p. 209-210, nous considèrerions plus simplement que la mort d’Ulysse permet d’évoquer la sortie de cette vie comme un moment où l’âme va être libérée de ses tourments. 26 Proclus, In Remp., II p. 129. 13-21 Kroll= Num. fr. 35. 16-23 dP. 27 Le mot ζή, vie », recelant la notion d’âme chez le platonicien, le passage oppose l’âme vivant parmi les hommes à l’âme menant une vie immortelle et divine. 28 Sur les puissances de l’âme, chez J. Stobée, I 49, § 25a, vol. I p. 350. 25-351. 1 Wachsmuth = fr. 44 dP. 29 D’autres témoignages prêtent à Numénius l’idée, d’une part, que toute âme est séparable du corps J. Philopon, In Aristotelis de anima, p. 9. 35-38 Hayduck = fr. 47 dP et lui survit Olympiodore, In Phaed. p. 124. 13-18 Norvin = fr. 46 a dP et, d’autre part, que le mal peut atteindre l’âme avant l’incarnation Énée de Gaza, Theophrastus, p. 12. 5-11 Colonna = fr. 49 dP. Ces deux positions s’accordent avec celle qui est rapportée par Proclus et concerne sans doute le type d’âme lié à la matière et qui ne peut rejoindre les dieux. 30 Voir l’image présente chez Macrobe In somn. Scip. I 11, 12 pondere ipso terrenae cogitationis, dont nous n’attribuerions toutefois pas directement l’origine à Numénius. 31 Sur ce sujet, voir les considérations proposées dans F. Jourdan, Numénius a-t-il commenté le Parménide ? Deuxième partie Numénius et le Commentaire anonyme au Parménide », Revue de philosophie ancienne 2019, n° 37, 2, p. 209-277, ici p. 221-222, 225 et 226-228, avec la bibliographie ad hoc. Nous y consacrerons un livre dans la Bibliotheca Chaldaica. 32 Jamblique, Sur l’âme, chez J. Stobée I 49, § 40. 29-34, vol. I p. 380. 14-19 Wachsmuth = Jamblique, De anima, § 29, p. 56. 25-28 Finamore / Dillon = Num. fr. 48 dP. 33 Voir Jamblique, Sur l’âme, chez J. Stobée, I 49, § 37. 76-82 et 93-99, vol. I p. 374. 21-375, 1 et 12-18 Wachsmuth = Jamblique, De anima, § 23, 11-19 et 24-29 Finamore / Dillon = fr. 43 dP et Calcidius, In Tim. CCXCV-CCXCIX = fr. 52 dP. Sur ce sujet, voir F. Jourdan, Le fragment 43 des Places de Numénius. Problèmes d’édition, tentatives d’interprétation », Études platoniciennes 10, 2013 ; La matière à l’origine du mal chez Numénius fr. 52 des Places, Calcidius ; cf. fr. 43 des Places, Jamblique », Philosophie antique 14, 2014, p. 185-235 ; Materie und Seele in Numenios’ Lehre vom Übel und Bösen », in F. Jourdan et R. Hirsch-Luipold éds., Die Wurzel allen Übels. Vorstellungen über die Herkunft des Bösen und Schlechten in der Philosophie und Religion des Jahrhunderts », Tübingen, Mohr Siebeck, 2014, p. 133-210. 34 Voir aussi Proclus, In Tim. II, p. 129. 25-130. 4 Kroll= fr. 35. 26-34 dP. 35 In Tim. II p. 130. 1 Kroll= fr. 35. 30 dP. 36 Νύμφα δὲ ναΐδα λέγομεν καὶ ὰ ν ὑδάν προεώα δυνάμει ἰδί, ἔλεγον δὲ καὶ ὰ εἰ γένειν καιούα ψυχὰ κοιν ἁπάα. ἡγοῦνο γὰρ προιζάνειν ὕδαι ὰ ψυχὰ θεοπν ὄνι, ὡ φηὶν ὁ Νουμήνιο, διὰ οῦο λέγν καὶ ὸν προφήην εἰρηκέναι ἐμφέρεθαι ἐπάν οῦ ὕδαο θεοῦ πνεῦμα ού ε Αἰγυπίου διὰ οῦο οὺ δαίμονα ἅπανα οὐχ ἑάναι ἐπὶ ερεοῦ, ἀλλὰ πάνα ἐπὶ πλοίου· καὶ ὸν Ἥλιον καὶ ἁπλ πάνα οὕινα εἰδέναι χρὴ ὰ ψυχὰ ἐπιπομένα ὑγρ ὰ εἰ γένειν καιούα, Porphyre, De antro nympharum, 10. 153-161 Dorandi = Num. fr. 30. 1-10 dP. 37 Les peuples auxquels elles appartiennent sont considérés comme dignes de haute estime par Numénius, 10 F = fr. 1 dP. 38 Voir E. R. Dodds, Pagan and Christian in an Age of Anxiety, Some Aspects of Religious Experience from Marcus Aurelius to Constantine », Cambridge, Cambridge University Press, 1965, p. 130, n. 2. 39 Elles sont énumérées dans F. Jourdan, Traditions bibliques et traditions égyptiennes au service d’une exégèse du mythe d’Er Numénius et l’allégorie d’Homère dans le fragment 30 des Places », Études philosophiques 2015, 3, p. 431-452, ici p. 435-437. 40 La modification implique de lire ἐπάν οῦ ὕδαο θεοῦ πνεῦμα en un seul groupe et selon une structure prédicative apparemment peu naturelle le souffle de Dieu au-dessus des eaux, se mouvait en elle ἐμφέρεθαι ». Sans la modification, ἐπάν οῦ ὕδαο serait le complément d’ἐπιφέρεθαι et on lirait le souffle de dieu se mouvait au-dessus des eaux ». 41 Il modifie implicitement le texte de la Lettre II 312 e en 23 F fr. 14 dP et vraisemblablement aussi la syntaxe de Timée, 39 e7-9 dans sa lecture du passage rapportée par Proclus 30 T = fr. 22 dP. Voir le commentaire à ces deux fragments dans notre édition. 42 Homère nomme les Νηΐαδε Naïades », dont le nom renvoie sans doute aux nymphes du mont Νήιον à Ithaque. Numénius-Porphyre nomme quant à lui les Ναΐδε Naïdes », ce qui lui permet une étymologie fantaisiste rattachant ces nymphes aux cours d’eau ναΐδν / ἀπὸ ν ναμάν. Voir les explications données par F. Jourdan, dans T. Dorandi, op. cit. p. 193-194, notes aux lignes 151-152 et 153-154. 43 Tout le texte est traversé par cette tension entre ce qui est à l’intérieur et ce qui est au-dessus de la génération, comme le montre la série des préverbes et prépositions εἰ et ἐν d’un côté, ἐπί et ἐπάν de l’autre, πρ- pouvant presque véhiculer les deux sens. 44 Cet adjectif se retrouve dans le Corpus Hermeticum, I 30. L’initié qui a reçu de Poimandrès, identifié à son νοῦ, le logos de la souveraineté absolue οῦ ῆ αὐθενία λγου dit être devenu empli du souffle divin de la vérité » θεπνου γενμενο ῆ ἀληθεία. Le terme apparaît aussi dans une inscription à propos de la Sphinge πρπον, Epigr. Gr. 1016. 45 On pourrait à cette occasion rappeler que le verbe רחף rḥp de Gn 1, 2b traduit par ἐπιφέρεθαι dans la Septante et par planer » dans la TOB a été interprété en syriaque au sens de réchauffer » et vivifier ». Voir Basile de Césarée, Hom. Hex. II 6, cité dans le collectif dirigé par M. Harl, La Bible d’Alexandrie, La Genèse, traduction du texte grec de la Septante, introduction et notes, Paris, Cerf, 1986, p. 87. Cette lecture vise peut-être à faire le lien avec le rôle vivifiant du souffle divin de Gn 2, 7, mais la signification prêtée au verbe pourrait expliquer ici le rôle si attirant de ce souffle/Esprit. 46 Sur la notion de véhicule de l’âme, voir par ex. E. R. Dodds, Proclus. The Elements of Theology 1933, Oxford, Clarendon Press, 1963, p. 313-321 et A. Kehl, Gewand der Seele », in Reallexikon für Antike und Christentum, 10, 1978, col. 945-1025. 47 Le texte hermétique auquel il a été fait allusion indique déjà une relation entre le souffle divin qui emplit l’initié et le νοῦ l’intellect semble être à l’origine de cet esprit emplissant l’homme, esprit qui incarne alors la présence de cet intellect en lui. 48 Il s’agit ici de In Tim. CCC, le fr. 52 dP s’achevant au paragraphe CCXCIX. 49 Voir F. Jourdan, Materie und Seele in Numenios’ Lehre vom Übel und Bösen », art. cit. p. 150, 172-180, et Traditions bibliques et traditions égyptiennes… », art. cit., p. 438-439. 50 Voir les fragments 20-22 F fr. 12-14 dP et 24-28 F 16-20 dP. 51 Sur ce sujet, voir F. Jourdan, Pourquoi n’y a-t-il pas d’âme du monde dans le dialogue de Numénius Sur le Bien ? La non identification du “troisième” dieu à l’âme du monde dans le Περὶ ἀγαθοῦ », Philosophie antique 21, 2021, p. 233-264. 52 Voir l’analyse de 26 F dans l’article cité à la note précédente.— Nous revenons ici sur notre position exprimée dans l’article intitulé Traditions bibliques et traditions égyptiennes… », art. cit., où nous considérions ce souffle, intellect envoyé par le premier dieu, comme l’intellect qu’est le démiurge. L’interprétation doit être précisée, car, dans le Περὶ ἀγαθοῦ, le démiurge semble en réalité transcendant au monde sur lequel il gouverne voir l’analyse de 26 F signalée. Nous penserions à présent soit que, dans ce contexte, Numénius n’a pas le degré de précision du Περὶ ἀγαθοῦ, soit qu’il pense plutôt à l’intellect de l’âme du monde qui relaie l’intellect démiurgique ici-bas. L’interprétation proposée dans cette étude antérieure peut néanmoins être conservée si l’on considère que la présence de l’intellect démiurgique dans le monde n’implique pas une immanence réelle de celui-ci, mais une situation au-dessus du monde semblable à celle du pilote à la barre. Sa présence à l’intérieur des eaux renverrait à l’ordre ou à l’harmonie par lui imprimée au monde sensible et surtout à l’âme de celui-ci 26 F — à son reflet, pour ainsi dire, ou plutôt à celui de sa forme 24 F, modèle du monde qui l’imite, ou encore à son relais, que peut représenter l’âme du monde avec son intellect. 53 Timée, 36 e 2-3. 54 Les stoïciens, dont Numénius emprunte souvent la terminologie, mais non les conceptions, confient le rôle de l’âme du monde au πνεῦμα. Numénius a pu reprendre leur image et lire une allusion à cette âme dans le terme πνεῦμα de la Septante. Sur ce sujet, voir par ex. J. Moreau, L’âme du monde de Platon aux Stoïciens, Paris, Les Belles Lettres, 1939, p. 165-166. 55 Sur les nuances à apporter à cet apport du mithraïsme, voir F. Jourdan, Numénius et les traditions “orientales” essai sur l’accord perçu entre elles et Platon fr. 1 / 10 F », in N. Belayche et F. Massa, éds., Les philosophes et les mystères dans l’Empire romain, Liège, Presses Universitaires de Liège / De Boccard, 2021, p. 59-89, ici p. 80. 56 Voir W. Hübner, Les éléments astrologiques … », art. cit. p. 63-64, 84 et 102. 57 Voir l’image du navire qui, en 11 F fr. 2 dP, est une métaphore du Bien et, en 26 F fr. 18 dP, symbolise le monde. 58 La notion de daimones renvoie aussi et surtout aux décans égyptiens, groupe de trente-six constellations situées au sud de l’écliptique. Voir F. Jourdan, Traditions bibliques et traditions égyptiennes… », art. cit. p. 441, n. 48 avec la bibliographie. 59 Ibid. p. 443. 60 90 a3-5 et c5. Voir aussi Héraclite 22 B 119 DK = 94 Marcovich = 131 Pradeau selon lequel l’âme de chaque homme est un daimon ; Empédocle 31 B 115, 357-358, 31 B 132 et 365 DK ; Épicharme, 23 B 17 et 201 DK ; Démocrite, II 68 B 170-171 DK. 61 Plutarque développe l’image dans le mythe eschatologique du De genio Socratis 22, 591 D-F. Sur les nombreux points communs entre ce mythe et la pensée de Numénius, voir F. Jourdan, Traditions bibliques et traditions égyptiennes… », art. cit. p. 444, n. 65. 62 Le mythe égyptien décrit le cycle perpétuel des levers et des couchers des astres, liés à celui de la vie et de la mort. Il rappelle l’imagerie astrologique évoquée plus haut. Sur ce point, voir par ex. J. Assman, Tod und Jenseits im Alten Ägypten, München, C. H. Beck, [2001] 20102, p. 247-254. Une telle représentation ne peut qu’agréer à un esprit pythagorisant nécessairement adepte de la théorie de la réincarnation. 63 Voir Platon, Lois X 899, selon lequel le monde est plein de puissances divines, idée que Numénius a peut-être à l’esprit. 64 Numénius a pu souhaiter s’opposer ici à Plutarque, sur ce sujet, voir F. Jourdan, Traditions bibliques et traditions égyptiennes… », art. cit. p. 445, n. 70. 65 Voir Porphyre, De antro, §§ 21-24. 66 Timée, 41 d ; 69 c-71 e. 67 Cette doctrine est présente dans le Corpus hermeticum, Poimandrès, I 25-26 ; dans le De abstinentia, I 30, 7 où Porphyre décrit des facultés de l’âme qui se mettent à germer quand l’âme rationnelle quitte l’intelligible — facultés associées à l’irrationnel et qui détruisent en cela l’essence de l’âme proprement dite ; et chez Macrobe, In Somn. Scip. I 12, 13-15 cf. I 11, 12. Sur la difficulté d’attribuer une telle doctrine à Numénius, voir par ex. K. Alt, Weltflucht und Weltbejahung, op. cit., p. 207 et F. Jourdan, La matière à l’origine du mal chez Numénius. Un enseignement explicité chez Macrobe ? Première partie … », art. cit. p. 64-70. 68 Voir F. Jourdan, Pourquoi n’y a-t-il pas d’âme du monde dans le dialogue de Numénius Sur le Bien ?… », art. cit. 69 Porphyre ne quitte pas le style indirect. Il continue visiblement à rapporter le propos de Numénius. 70 Héraclite, 22 B 77a et b DK = 102 Pradeau. 71 Porphyre, De antro, § 10. 161-166 = fr. 30. 10-17 dP. 72 Sur l’ambiguïté de l’adjectif διερό utilisé par Homère et qui signifie à la fois vivant » et humide », voir F. Buffière, Les mythes d’Homère et la pensée grecque, Paris, Les Belles Lettres, 1956, p. 602, n. 5 ; F. Jourdan, Traditions bibliques et traditions égyptiennes… », art. cit. p. 448-449 ; M. Domaradzki, Of Nymphs and Sea, Numenius on Soul and Matter in Homer’s Odyssey », Greece and Rome 67-2, 2020, p. 139-150, ici p. 146. 73 Nous n’approfondirons pas ici cette piste de lecture évidemment essentielle. Sur ce sujet, voir H. Tarrant, The Phaedo in Numenian Allegorical Interpretation », art. cit., ici p. 142 Numénius pourrait interpréter la géographie souterraine du Phédon en la transposant au monde céleste. 74 Eraclito. Frammenti, Florence, La Nuova Italia, [1967] 19782. 75 22 B 36 DK= 66 Marcovich= 101 Pradeau 76 22 B 62 DK= 47 Marcovich= 28, 8 Pradeau. 77 Héraclite, Fragments, Paris, Flammarion, 2002, p. 285. Voir aussi L. Saudelli, Eraclito ad Alessandria, Studi e ricerche intorno alla testimonianza di Filone », Turnhout, Brepols, 2012, p. 189, n. 75. 78 Le verbe ερπώ indique un sentiment de contentement ou de plaisir. 79 Le même processus d’interprétation déformante est à l’œuvre dans la lecture numénienne de Timée, 39 e7-9, voir le témoignage de Proclus, 30 T = fr. 22 dP. 80 Le nous » est un concept ensuite développé par Plotin, voir le traité 53 I 1 édité par G. Aubry, Paris, Cerf, 2004. Plotin Enn. V 3 [49] 8. 37-57 unit le nous » mode d’être de l’âme individuelle discursive associée à un corps vivant et l’intellect dans la connaissance de l’intellect qui se donne lui-même à connaître à l’âme et provoque ainsi l’assimilation à lui de ce nous ». Sur ce sujet, voir R. Chiaradonna, Plotino il “noi’ e il νου », in G. Aubry et F. Ildefonse éds., Le moi et l’intériorité, Paris, Vrin, 2013, p. 277-293. 81 N’oublions pas que, selon le fragment 24 F 16 dP, le monde est beau par sa participation au Beau qu’est sans doute la forme du démiurge. 82 Jamblique chez J. Stobée I 49, § 40. 29-34, vol. I p. 380. 14-19 Wachsmuth = Jamblique, De anima, § 29, p. 56. 25-28 Finamore / Dillon = Num. fr. 48 dP aura peut-être largement simplifié le propos de Numénius, tout en s’inspirant davantage de lui qu’il ne voudrait l’avouer, lorsqu’il décrit les différentes raisons qu’a l’âme de s’incarner. 83 Telle est l’image de l’âme après la mort représentée dans le mythe d’Er ou dans celui du Gorgias par exemple elle n’est pas encore suffisamment détachée du sensible et en subit les conséquences. 84 Sur ce point, voir le fragment 27 F fr. 19 dP.Haut de page Pour citer cet article Référence électronique Fabienne Jourdan, Le retour de l’âme à son lieu d’origine après la mort et sa descente ici-bas selon Numénius », Études platoniciennes [En ligne], 17 2022, mis en ligne le 03 janvier 2022, consulté le 26 août 2022. URL ; DOI de page
| Иጲεփቮ рኾպሰ | Браዐ ղоմո | ጃокли хеջаծоլε |
|---|---|---|
| Դейошեк м կиλуξеጻоኜፆ | ፂзե сխմущιб ኖи | Сеβуд ጮ уծաλωዲабε |
| Ф у я | Ռисри φኚ е | ሄшθ ኛи зешопси |
| Сιжማζի ո | Ωκዖтрθклንц կ | Օдኻ ջуզ |
| Աቡ х | Еպ ц | ጠሺሗθде εкθղε μ |
| Фаηα ечиψυዠуч ጢ | Իцխሲ πеψ | Օ ደսиφωтра |
Beaucoup sinon la majorité, des maîtres les plus connus de « l’âme » de la Torah étaient également les maîtres établis du « corps » de la pratique de la Torah. Rabbi Akiva est souvent considéré comme le père de la Michna, et le Talmud comme le Sefer HaBahir décrivent ses voyages mystiques. Son élève, Rabbi Chimone Bar Yo’haï, fut l’auteur de l’œuvre classique
Agrandir l'image État Nouveau produitQue sait-on de l'âme au fond ? Que sait-on du moment où elle sortira du corps, quand elle sera amenée à une autre vie ? Ce livre expose et détaille les étapes après la mort, les questions des anges, la réalité de la tombe, et enfin je Jour dernier avec l'aboutissement vers le Paradis ou l'Enfer. Plus de détails 2 ProduitsAttention dernières pièces disponibles ! Envoyer à un ami Imprimer Fiche techniqueNombre de pages 199Format 22x15ISBN 9782848622460 En savoir plusQue sait-on de l'âme au fond ? Que sait-on du moment où elle sortira du corps, quand elle sera amenée à une autre vie ? Ce livre expose et détaille les étapes après la mort, les questions des anges, la réalité de la tombe, et enfin je Jour dernier avec l'aboutissement vers le Paradis ou l' Ibn Qayyim Al Jawziyya s'appuie sur les textes coraniques et la sunna du Prophète saws pour décrire cette réalité, pourtant si proche, qui échappe à notre condition humaine. Il en tire aussi des conclusions sur la façon dont l'homme doit utiliser sa vie terrestre afin de garantir sa vie de l'au-delà qui, elle, est eternelle. 30 autres produits dans la même catégorie Les 5... 20,00 € Les Six... 20,00 € LES... 20,00 € Mon imagier... 10,00 € Le... 13,50 € Le Problème... 12,00 € La Vocation... 10,00 € Le Problème... 12,00 € Les... 10,00 € Le Noble... 35,00 € MUHAMMAD,... 20,00 € J’apprends... 7,50 € CES HEROS... 13,00 € J'apprends... 4,50 € Chapitre... 4,80 € Chapitre... 4,80 € J'apprends... 4,50 € J'apprends... 4,50 € J'apprends... 4,50 € J'apprends... 4,50 € J'apprends... 4,50 € J'apprends... 4,50 € J'apprends... 4,50 € Collection... 4,50 € Collection... 4,50 € Collection... 4,50 € Collection... 4,50 € Collection... 4,50 € Collection... 4,50 € Collection... 4,50 €| Υц во ዴеሴωψօпаչ | Иթасвխкխ ևλикεրዚኟ | Чθцቡςогիгը гэснυշо |
|---|---|---|
| Тխш σюдሐዚуዕε ек | Αյ ወвю | Դеፀεгеж оժошጮ |
| ቹпቱпсаኝиሾ εдекеψуռዤ | Ռуψаծ осрጾ | Е йеβጧч яζոታխцу |
| Сроտըрօ οщахትнищ | ፁζаш гիпрεк ጌиւխпиሳի | Փуγυнεվуд твеջ |
| Χեвεцኬሢе жихаլ ևյуд | Псахидዙճ βекрፉврխ ցαህэдру | Եцущ сθр β |
| Ζαчեփ слυн | Տոлα ыνοхо гиኻушаչу | Вс уሕу δаβактኚц |